Rue de Sèvres publie, ici, une super bd sur dix femmes qui ont consacré leur vie à affiner leur connaissance de la vie et du monde et qui ont affiné leur pensée philosophique. Si quelques noms sont connus et ont été reconnus, c’est-à-dire étudiés, certains ont plutôt été enterrés et c’est d’autant plus intéressant (et un peu frustrant) de les découvrir (seulement) aujourd’hui. Le livre les présente en ordre chronologique, ce qui est tout à fait logique, mais je dois dire que la première, Cléobuline, m’a donné un peu de fil à retordre. Le fait qu’elle ait vécu à l’époque de la Grèce antique n’est pas étranger à ce fait, ses pensées ou ses leçons qu’elle a tirées de la vie et de la connaissance sont plus éloignées des nôtres, mais non pas moins importantes. J’ai donc persévéré dans ma lecture et j’en suis vraiment contente parce que cette BD est nécessaire en plus d’être intéressante. Elle explique, oui, leurs façons de voir la vie, les humains, mais elle met en lumière chaque époque et SURTOUT le point de vue des femmes en philosophie, ce qui a été trop souvent occulté dans notre parcours scolaire.
Nous avons donc le bonheur de suivre les Cléobuline, Hypathie d’Alexandrie, Sei Shonagon, Hildegarde de Bingen, Christine de Pizan, Gabrielle Suchon, Louise Michel, Nathalie Sarraute, Simon de Beauvoir, Etty Hillesum. Si je suis honnête, je ne connaissais qu’Hildegarde et Simone de Beauvoir avant d’ouvrir ce livre. Et pourtant. Après avoir refermé ce livre, j’ai le goût d’offrir une copie à chaque prof de philo du cégep, à ma fille, à mes collègues, aux enseignant.e.s d’histoire. Nous avons cruellement besoin d’avoir plus de modèles de femmes « curieuses, avides de connaissances, indépendantes d’esprit et éminemment sensibles au monde. » qui viennent des quatre coins de la planète. Plusieurs ont risqué leur vie pour défendre leurs idéaux, elles n’ont rien à envier aux hommes philosophes. Au contraire, elles ont dû, en plus de défendre leurs idées, défendre le sérieux de celles-ci et la place qu’elles méritaient.
J’ai beaucoup apprécié les illustrations de Marie Dubois, elles sont sensibles, adaptées à chaque femme présentée. L’illustratrice rend la lecture plus aisée, elle réussit magnifiquement à rendre le combat intérieur de certaines philosophesses et à synthétiser leurs pensées lorsque nécessaire. Je vais terminer en citant la quatrième couverture: « Il était temps de (re)mettre en lumière ces femmes portées avant tout par la liberté, celle de penser. »
- Auteur.ices: Jean-Philippe Thivet, Jérôme Vermer, Anne Idoux et Marie Dubois
- Illustratrice: Marie Dubois
- Maison d’édition : Rue de Sèvres
- Parution: 6 avril 2023
- Nombre de pages: 173
Crédit photo: Valérie Ouellet