Certains livres nous habitent longtemps. C’est le cas de L’histoire de Pi. Ce livre raconte les péripéties d’un Indien originaire de Pondichéry catapulté dans les eaux du Pacifique avec, pour toute planche de salut, un canot dans lequel se cache un tigre.
Comme dans la plupart des œuvres de Yann Martel, celle-ci comporte une dimension fantastique qui peut rebuter les esprits cartésiens. Mais dès qu’on accepte l’idée qu’un humain puisse cohabiter avec un grand félin, on est assuré de vivre une grande expérience littéraire. En fait, le personnage principal de ce roman – Pi, de son surnom – a littéralement grandi dans un zoo et connaît très bien les mœurs du tigre. Aussi, est-on naturellement amené à croire à son incroyable odyssée. Après tout, nous rappelle l’auteur par la voie de Pi, la vie n’a pas toujours de sens :
L’amour est difficile à croire, demandez à n’importe quel amoureux. La vie est difficile à croire, demandez à n’importe quel scientifique. Il est difficile de croire en Dieu, demandez à n’importe quel croyant. Quel est le problème face à ce qui est difficile à croire?
– Nous sommes tout simplement raisonnables.
– Et moi donc! J’ai fait usage de ma raison à chaque instant. La raison est excellente pour se nourrir, se vêtir, se loger. La raison est la meilleure boîte à outils. Il n’y a rien comme la raison pour maintenir les tigres à distance. Mais si on est excessivement raisonnable, on risque de jeter tout l’univers par la fenêtre. » p. 313
– p. 313
Si l’aspect métaphysique de ce roman m’a plu, le récit en soi m’a tenu en haleine du début à la fin. Comment, en effet, rester insensible devant le sort de Pi, qui, jour après jour, doit faire l’impossible pour nourrir l’animal insatiable qui dérive avec lui au milieu de l’océan. Cette quête nous transporte, nous grise jusqu’à la fin. Et quelle fin! Avec habileté, l’auteur nous propose deux issues. Laquelle choisir? À vous de découvrir la vôtre. Mais rappelez-vous que: « l’animal le plus dangereux dans un zoo, c’est l’homme. » (p. 41).
- Auteur : Yann Martel
- Nombre de pages : 334
- Maison d’édition : XYZ
- Publié en 2003
Crédit photo : Vicki Milot