Thomas King est un écrivain d’ascendance Cherokee établi en Ontario. Cet automne, le lauréat du Prix littéraire du Gouverneur général en 2014 publie la traduction française de son roman de 2020 : Les Indiens s’amusent.
Bird et Mimi sont un vieux couple en vacances à Prague. Ils ont comme objectif de retrouver les traces de l’oncle Leroy et de concocter un sac de médecine. Ce qui commence comme des vacances somme toute légères se transforme peu à peu en quête plus sombre, alors que Bird fait face à ses démons et à la réalité qui n’est pas aussi douce qu’elle le semble.
Thomas King est un excellent écrivain. Il commence son roman avec un ton assez comique. Les deux personnages principaux sont drôles et rien ne semble les empêcher de dire ce qu’ils pensent. Par contre, plus le roman avance et plus le tragique gagne du terrain dans la plume de King. La situation politique prend de la place, l’anxiété et la dépression rongent Bird et l’ennui frappe le couple. Malgré tout cela, l’auteur n’abandonne jamais tout à fait le ton humoristique. Cet équilibre, assez difficile à réaliser normalement, est ici très bien exécuté.
Alors qu’on s’attend à une œuvre assez légère, King se permet d’aborder des sujets très sérieux dans son roman. Il traite de la crise migratoire européenne, de la santé mentale, de la vieillesse, de la nostalgie, du mal du pays, du tourisme de masse et la place autochtone dans le monde. Malgré la grande abondance de sujets abordés, rien n’est forcé. King est capable de bien ficeler son histoire et ses messages. L’ironie et le commentaire social se marient très bien à l’aventure que vivent les deux amoureux.
Bref, Les Indiens s’amusent est un équilibre parfait entre la critique sociale contemporaine et l’abandon naïf du voyageur. C’est un livre qui nous donne envie de partir à Prague, Budapest, Paris et Amsterdam, mais aussi de prendre au sérieux les enjeux qui se trouvent à la fois en face de nous et de l’autre côté de l’océan.
- Auteur : Thomas King (traduction de Catherine Ego)
- Éditions : Mémoire d’encrier
- Parution : 15 janvier 2024
- Pages : 392 pages
Crédit photo : Patrice Sirois