En faisant le ménage de mes caisses de livres, je suis tombée sur Les 8 cahiers, de la Brésilienne Heloneida Studart. Acheté il y a plus d’une décennie lors d’un Salon du livre, ce bijou a échappé à mon attention tout ce temps. Il n’aura fallu pourtant que quelques pages pour me convaincre de sa qualité.
Écrit sous forme de fable, ce livre s’ouvre sur le suicide de Maria das Graças Nogueria, une battante qui part en laissant à sa nièce Mariana huit cahiers biographiques. Ces écrits, longtemps cachés, dépeignent la vie sordide des femmes de la lignée Nogueria. Celles-ci – comme l’explique l’auteure – vivent soit comme des reines ou comme de vulgaires servantes. Voici à quoi ressemble le sort des servantes:
À chaque génération de Nogueria, une des filles était préparée pour le célibat dans le but de servir, plus tard, sa vieille mère. À cette élue on refusait les symboles de la féminité; personne ne lui adressait de galanterie, ne lui offrait un petit bracelet, une paire de bouches d’oreilles, un flacon de parfum. Pour qu’elle soit mieux disposée à son futur sort de vieille demoiselle dédiée à mitonner les soupes et les bouillons de sa mère, on lui interdisait d’aller à la fenêtre, de se rendre à des fêtes ou d’avoir des amis et des confidents.
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Mêlant habilement le passé et le présent, ce roman m’a captivée par sa grande virtuosité. Je le referme avec encore plus de curiosité à l’égard de son auteure, Heloneida Studart qui a connu une carrière de dramaturge et d’écrivaine bien remplie en plus d’avoir milité toute sa vie pour améliorer le sort des femmes.
- Titre : Les huit cahiers
- Nombre de pages : 237
- Maison d’édition : Les allusifs
- Date de parution : 2005
Crédit photo : Vicki Milot