Sur la place de Marrakesh, un conteur est installé pour raconter l’histoire d’un père, désespéré d’avoir un fils, lui qui a eu sept filles. Pour le patriarche, c’est une punition, une honte. Sa femme tombe enceinte et il prend une décision, l’enfant à venir sera un fils peu importe. Une histoire inspirée d’un fait divers, troublante. Nous suivons donc l’histoire d’Ahmed, cet/te enfant élevé.e en garçon, puis en homme. Lorsque le père meurt, Ahmed commence à douter sur tout ce qu’iel est, ce qu’iel souhaite pour la suite, mais comment se libérer ?
J’ai lu L’enfant de sable avec avidité tout en étant constamment bouleversée. Tahar Ben Jelloun réussit à nous captiver, à nous faire réfléchir sur la place des femmes dans certains pays (le nôtre aussi), sur notre rapport à nous-mêmes, à notre corps, en intégrant des voix mystérieuses. Par la voix du conteur et par ceux et celles qui en ont entendu parler, on raconte les différents scénarios sur la fin d’Ahmed (ce fils créé de toutes pièces). Qu’en est-il vraiment ? Est-ce qu’une des fins est meilleure que l’autre pour ce/te personne ? Le livre a été publié en 1985 et pourtant, j’ai l’impression qu’il aurait pu être publié cette année, il est toujours pertinent, percutant.
La violence de mon pays est aussi dans ces yeux fermés, dans ces regards détournés, dans ces silences faits plus de résignation que d’indifférence.
– p. 155
- Auteur : Tahar Ben Jelloun
- Maison d’édition : Éditions du Seuil
- Parution : 1985
- Nombre de pages : 209
Crédit photo : Valérie Ouellet