Littérature Canadienne

Le sous-majordome

le sous-majordome

Quel univers que celui de Patrick deWitt!  Après avoir lu avec beaucoup d’intérêt le précédent roman de cet auteur de l’ouest canadien (Les frères Sisters, lauréat du Prix des libraires du Québec et du Prix littéraire du Gouverneur général), j’attendais impatiemment la parution de son prochain roman.  Attentes élevées riment-elles avec déception?  Pas du tout!

Pour le plus grand plaisir du lecteur, deWitt nous convie de nouveau dans un univers étrange, glauque et poussiéreux où se côtoient des personnages aussi détestables qu’attachants.  Cette fois-ci, nous suivons Lucien Minor, dit Lucy, un jeune homme paumé qui quitte la maison de ses parents et son village natal pour travailler à titre de sous-majordome au château du baron d’Aux.  Frêle et plutôt gauche, Lucy incarne l’antihéros par excellence.  Il fera la rencontre de pickpockets sans scrupules, de commerçants véreux, d’un majordome taciturne et d’une cuisinière un peu trop portée sur le poivre.  L’histoire énigmatique se développe à coup de rebondissements improbables et surréalistes.  Finira-t-il par rencontrer le mystérieux baron d’Aux, celui-là même dont le château est en décrépitude depuis que tous ses domestiques (ou presque) l’ont abandonné?

L’écriture de deWitt est truculente et son style unique.  Le rythme saccadé et le ton à la fois sombre et léger insufflent à l’histoire son côté comique et burlesque.  L’art du dialogue est parfaitement maîtrisé et donne lieu à des échanges savoureux où les personnages sont à la fois secrets et énigmatiques et parfaitement honnêtes.  C’est un tour de force!  Malgré la légèreté du propos, on sent tout de même que l’auteur se permet une exploration du côté sombre de l’humain en nous présentant des personnages bourrés de défauts, mais forts sympathiques.  On sent également l’affection de l’auteur pour ses personnages puisque son regard sur leurs multiples contradictions est dénué de jugement moral.   Malgré quelques pointes bien aiguisées lancées à la guerre, la religion ou la bourgeoisie, on ne lit pas deWitt pour la profondeur de la critique sociale, mais pour le plaisir de tourner les pages et d’y découvrir une histoire captivante et des personnages hauts en couleur.  C’est du bonbon!

 

  • Auteur: Patrick deWitt
  • Nombre de pages: 402 pages
  • Date de parution: 2017 (2015 pour la version originale anglaise)
  • Éditeur: Alto
  • Provenance du livre: Service de presse obtenu par le blogue Page par Page
  • Crédit photo: Marie-Hélène Legault

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    15 octobre 2017 à 10:24 am

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