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Le potager

Le Potager

Lorsque j’ai entamé Le potager, je ne connaissais pas la première oeuvre de Marilyne Fortin, Fabrica, qui s’est hissée parmi les finalistes au prix du Gouverneur général en 2015. C’est donc sans a priori que j’ai embrassé ce roman d’anticipation planté dans un décor québécois. Et je n’ai pas été déçue. La dame maîtrise bien les ficelles du roman.

Dès les premières pages, on est plongé dans un monde en rupture, un monde hanté par un virus mortel qui – s’il ne frappe pas directement à votre porte – menace les rapports que vous entretenez avec vos pairs. Dans ce contexte où tout dérape, il devient de plus en plus difficile d’entretenir un semblant de vie de famille. Voilà pourtant ce que doivent faire, jour après jour, Caroline et son mari, au prix de beaucoup d’efforts. Afin de mieux parer aux pénuries alimentaires qui les guettent, ils décident de participer à un projet de jardin communautaire. Si au départ, le potager contribue à détendre les esprits et à créer une sorte d’unité au sein du voisinage, son existence même devient bientôt l’objet de déchirements sociaux.

Voilà donc la trame de ce roman qui s’emploie à démontrer comment une société d’abondance comme la nôtre peut, du jour au lendemain, en venir à se battre pour un bout de carotte. Sans toucher la noirceur d’un Cormac McCarty, qui avec La route, campait une société dépouillée de tout vernis social, Le potager réussit fort bien à éveiller le germe de paranoïa qui sommeille en chacun de nous.

Pour vous donner le ton du roman, en voici un extrait :

On avait bien expliqué, dès le début de la crise, que le virus se transmettait tout d’abord par contact direct avec des liquides biologiques de personnes infectées. Peu susceptible d’avoir à manipuler le sang, l’urine ou le sperme de qui que ce soit d’infecté, Caroline redoutait plutôt les gouttelettes de sécrétion lorsqu’elle se trouvait à proximité d’autres personnes. Elle avait déjà entendu dire qu’à la suite d’un éternuement, des gouttelettes pouvaient être propulsées sur une distance allant jusqu’à deux mètres ! Le masque que le gouvernement fournissait à chaque citoyen était donc rivé en permanence sur son visage et sur celui de ses enfants lorsqu’ils sortaient de la maison.  (p.36)

 

  • Auteure : Marilyne Fortin
  • Éditeur : Québec-Amérique
  • Nombre de pages : 340 pages
  • Date de parution : 2017

Crédit photo : Vicki Milot

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