La ville de Beyrouth au Liban a toujours été cosmopolite et multireligieuse, 18 communautés différentes s’entremêlent. Son emplacement a attiré plusieurs groupes persécutés au fil des millénaires. Bien qu’il y ait toujours eu des différends, rien ne se compare à la guerre du Liban entre 1975 et 1990 qui a fait de nombreux morts et a créé une déchirure difficile à réparer. L’auteur tient tout de même à célébrer le génie de Beyrouth, cette capacité à vivre-ensemble malgré les différences. Il relate dans cette bande dessinée le quartier tranquille d’avant-guerre rassemblant :
Un épicier sunnite, un teinturier repasseur chiite, un coiffeur arménien qui vend aussi des cigarettes, et un couple d’épiciers maronites…
Ajoutez-y, entre tous les petits artisans, une famille juive de Syrie, des Russes blancs fabricants de parpaings, et les filles du Princess Hotel, grecques, turques ou égyptiennes, qui passent en tenue légère rejoindre les cabarets du front de mer… Tous ces gens vivent côte à côte dans la rue Rizkallah, dont le nom signifie « à la fortune de Dieu » et qui pourrait symboliser à elle seule le génie de Beyrouth, qui « fait tenir ensemble ce qui en principe ne devrait pas ».
Maintenant, nous savons que la guerre civile viendra briser cet équilibre, mais Beyrouth reste (à ce qu’on dit) un trésor, une ville de tous les possibles et c’est ce que le lecteurice retient de cette bande dessinée ultra intéressante. Les illustrations de Léna Merhej sont aussi très bien exécutées, on peut facilement entrer dans l’ouvrage pour visualiser ce génie de Beyrouth. Les personnages ont tous leur histoire bien propre et sont très attachants. Les habitants de la rue Rizkallah vivent une sorte d’utopie qui sera brisée par la guerre. Se reverront-ils ? Seront-ils encore capables de vivre ensemble ? Le génie de Beyrouth est-il disparu à tout jamais ? C’est ce que j’ai bien hâte de découvrir dans les prochains tomes du Génie de Beyrouth.
- Auteur: Sélim Nassib
- Illustratrice: Léna Merhej
- Maison d’édition: Dargaud
- Parution: 26 mars 2025
- Nombre de pages: 128
Crédit photo: Valérie Ouellet
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