Simon Boulerice n’a jamais eu peur de voyager entre la littérature jeunesse, le théâtre, la poésie et la littérature pour adultes. Cet automne, le Québécois se démarque une fois de plus par sa polyvalence en publiant du même coup deux œuvres totalement différentes, dont un roman jeunesse extrêmement déstabilisant.
L’enfant mascara raconte le meurtre de Larry King, un jeune états-unien de quinze ans, assassiné par un camarade de classe dont il était follement amoureux. Boulerice s’est dit obsédé par cette histoire véridique et a décidé de s’approprier l’idée pour raconter les événements des yeux du petit Larry (qui deviendra Leticia).
Simon Boulerice a toujours été un expert pour trouver les termes justes et L’enfant mascara fait bien honneur à ce talent. Les mots sont choisis avec une précision impressionnante, qu’il traite de «pompons de sacs d’épicerie en plastique tout effilochés» ou de «fondre comme le sucre d’Homer sous la pluie, comme dans un épisode des Simpsons». Il a décidé d’écrire le livre dans un français québécois bercé par l’accent californien, comme si nous étions une partie de cet état. Son travail s’avère très réussi et on peut facilement oublier que le Québec ne se trouve pas au soleil toute l’année.
C’est un roman d’amour à sens unique : Larry aime son camarade Brandon, qui lui, le repousse sans cesse. La forte personnalité du personnage est le principal attrait de l’histoire, car on assiste à son obsession grandissante pour le garçon et à travers cette passion, il forge sa propre personnalité. Gravitent autour de lui sa famille pauvre, son père violent, sa mère dépressive et tout le mépris que la majorité des élèves de l’école éprouvent pour lui. Boulerice traite aussi, au passage, de l’image corporelle, de l’acceptation de soi et de l’intimidation. L’œuvre fait réfléchir du début à la fin et jette un regard différent sur un enjeu encore méconnu.
Simon Boulerice réussit son pari haut la main avec L’enfant mascara. Le roman, bien que destiné aux adolescents, est une lecture pouvant plaire à tout le monde ayant envie d’être déstabilisé par l’amour, aussi pur et unique soit-il.
- Auteur : Simon Boulerice
- Nombre de pages : 184 pages
- Date de parution : 14 septembre 2016
- Éditeur : Leméac, Collection Leméac Jeunesse
- Provenance du livre : Acheté au lancement à la librairie de Verdun
Crédit photo: Patrice Sirois
Valérie Léger
8 octobre 2016 à 9:58 pmTrès beau texte!