Jean-Philippe Baril Guérard a haussé la barre avec son roman Royal, paru en 2016 aux éditions de ta Mère. L’œuvre est même présentement finaliste pour le prix littéraire des collégiens 2018. En attendant de savoir s’il gagnera ou pas, on peut se délecter de sa nouvelle pièce La singularité est proche.
La pièce s’inspire d’un essai éponyme de Ray Kurzweil dans lequel l’auteur nous dévoile ses pensées sur le futur des humains et de la technologie. Éventuellement, la fusion entre les machines et les humains deviendra inévitable et cette dernière aura un impact révolutionnaire sur le monde.
Le sujet peut certes sembler intense à priori. Toutefois, Baril Guérard a un talent indubitable pour rendre intéressants même les sujets les plus lourds. Ses dernières œuvres ont largement prouvé ce point. La singularité est proche marque encore une fois le brio de la plume de l’auteur.
Dans la pièce, Anne est synthétique. C’est-à-dire qu’elle est une version améliorée d’elle-même, transposée dans un nouveau corps. Comme cela arrive chaque fois qu’une âme s’éteint, elle vit éternellement. Sur une île, elle passe du temps avec ses amis et discute des enjeux existentiels dont la vie organique de David. Organique indique qu’il n’a jamais été transféré et qu’il va vraisemblablement mourir un jour. Or, la mort est ce dont rêve Anne, s’étant déjà suicidé un énorme nombre de fois.
La pièce, étonnamment simple, provoque d’immenses réflexions. La vie éternelle, le mystère de la mort, la conservation des souvenirs et l’avenir des humains et des machines sont des sujets auxquels nous serons confrontés lors de la pièce. La majeure partie des questions sont laissées sans réponse, mais c’est ce qui rend notre tâche de lecteur amusante.
La singularité est proche nous fait réfléchir sur nos fantasmes existentiels même si nous ignorions que nous les avions. Un tour de force supplémentaire de la part de Jean-Philippe Baril Guérard.
- Auteur : Jean-Philippe Baril Guérard
- Éditions : Ta Mère
- Date de parution : 26 février 2018
- ISBN : 9782924670200
Crédit photo : Patrice Sirois
