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La nature exposée

Un homme en Italie du Nord habite un petit village au pied des montagnes. C’est un sculpteur, il s’inspire de toutes ses trouvailles pour façonner ses sculptures qui s’entassent dans sa maison. Alors que la femme qu’il aime le quitte, il décide de se faire passeur pour les migrants. Il les fait payer pour leur passage, mais leur remet l’argent lorsqu’ils franchissent la frontière. Un migrant décide de raconter l’histoire de ce généreux passeur aux médias qui, bientôt, le traqueront. Sauf qu’au moment où les autres amis passeurs se rendent compte que l’homme les fait passer gratuitement, ils se mettent en colère. L’homme décide alors de partir du village pour aller au bord de la mer.  

Rendu là-bas, il se cherche du travail et trouve un prêtre dans une église qui cherche un artiste-sculpteur. L’homme d’Église révèle alors une œuvre magnifique : un Christ sur la croix dont on a recouvert les organes génitaux à l’époque, sous-ordre du Vatican, mais souhaite restaurer l’original chef-d’œuvre. Bien que le sculpteur se pense capable de redonner “la nature” à ce Christ, le contrat s’annonce immense. Comment redonner tout le génie à ce Christ sans dénaturer le corps et la vision de l’artiste original ?  

Je lui dis qu’en la retirant [la couverture] on abîmera certainement la nature.   
« Quelle nature? »  
La nature, le sexe, c’est ainsi qu’on nomme la nudité des hommes et des femmes chez moi.  

– p. 33

Ce roman magnifique parle de l’art, du sacré, du profane, de l’importance de la religion pour l’art, il aborde des thèmes centraux et importants en rapportant l’histoire de cet homme simple qui cherche à faire son travail le mieux possible.   

« C’est la première fois que tu éprouves cette miséricorde ? »  
Je la découvre devant ce crucifié nu.  
« Jamais avant pour un vrai corps? »  
Pas de façon aussi forte : il existe des livres qui font ressentir un amour plus intense que celui qu’on a connu, un courage plus grand que celui dont on a fait preuve. C’est l’effet que doit produire l’art : il dépasse l’expérience personnelle, il fait atteindre des limites inconnues au corps, aux nerfs, au sang.

– p. 43
  • Auteur: Erri De Luca 
  • Traductrice: Danièle Valin 
  • Maison d’éditions: Gallimard 
  • Collection: du monde entier 
  • Parution: 2 mars 2017 
  • Nombre de pages: 166 

Crédit photo: Valérie Ouellet 

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