Francfort-sur-le-Main, 1963. Eva est une jeune femme aux cheveux longs, peut-être un peu naïve, du moins agréablement innocente. Dans le restaurant familial, elle aide ses parents qu’elle aime, s’occupe de son petit frère Stefan et discute avec sa soeur, infirmière. Elle va bientôt épouser Jürgen, héritier d’une entreprise de vente par correspondance.
Alors que le second procès d’Auschwitz commence, elle est invitée à travailler comme interprète du polonais à l’allemand. Au fil des jours, elle découvre l’horreur humaine, la violence ordinaire et les explications de ceux « qui n’ont fait qu’obéir ». Le silence de la famille autour de l’intérêt d’Eva pour cette noire période de l’histoire est surprenant, malaisant, incompréhensible. À moins qu’eux aussi cachent quelque chose? Et pourquoi Jürgen est-il aussi résistant, aussi protecteur, aussi coincé?
Et si tout le monde avait été au moins un peu responsable de l’horreur des camps? Comment se construire en faisant face aux crimes commis par les siens? Comment affronter ces silences abrutissants?
Véritable page-turner, La maison allemande est un chef d’oeuvre sous tout point de vue. L’autrice, Annette Hess, à qui on doit les scénarios de Berlin 56 et Berlin 59, s’est inspirée de multiples témoignages pour créer ces personnages tourmentés qui tentent de comprendre, de concevoir, de responsabiliser, de juger, d’oublier. Avec force et justesse, elle force le lectorat à se poser mille questions sur cette triste période de l’histoire. J’ai adoré la construction du récit, la complexité des personnages, la force du personnage principal féminin et les marques d’une époque si particulière dans l’histoire allemande, entre résistance aux souvenirs, désirs de comprendre, émancipation des femmes et traditions en démolition.
Un livre à lire immédiatement.
- Autrice : Annette Hess
- Maison d’édition : Actes Sud – Babel
- Parution : 2019
- Nombre de pages : 394
- Provenance : cadeau de ma mère
Crédit photo : Annick Lavogiez