Il y a de cela très longtemps, Joseph Tewisha, mon arrière-arrière-grand-père, se voyait renommé Joseph Richard par l’église catholique. On demandait à cet homme et à tant d’autres enfants autochtones d’oublier leurs racines et leur culture. Jenny Kay Dupuis et Kathy Kacer avec le livre Je ne suis pas un numéro, nous raconte un pan peu glorieux de l’histoire canadienne. Les auteurs, avec ce magnifique recueil, nous plonge dans l’univers des pensionnats indiens ou écoles résidentielles, là où les jeunes autochtones étaient envoyés afin d’être «sauvés» grâce à une éducation plus «convenable». Mais convenable pour qui ?
Je ne suis pas un numéro raconte l’histoire véridique d’Irène Couchie et de sa famille anishinaabe. En 1928, Irène et ses frères se voient contraint de quitter la réserve de Nipissing pour se rendre dans un pensionnat indien. Les parents n’ont d’autre choix que de laisser les enfants les plus âgés quitter le foyer familial en espérant que leur progéniture soit en mesure de résister à l’endoctrinement. Au pensionnat, plus besoin de nom, on se contente de numéro. Irène, numéro 759, n’accepte pas de se faire réduire à un nombre. Malgré les maltraitances et les violences psychologiques, Irène se souvient de ce que sa mère lui a dit lors de son départ : «N’oubliez jamais notre foyer, ni nos coutumes. N’oubliez jamais votre père et votre mère. N’oubliez jamais qui vous êtes». Débute alors une lutte afin de conserver sa langue et son héritage culturel.
Il y a longtemps qu’un livre jeunesse m’avait autant ému. Dès les premières pages du livre une boule d’émotion s’est logée dans ma gorge pour y rester jusqu’à la toute dernière. Je ne suis pas un numéro est un livre qui ébranle. Le texte est puissant et l’histoire touchante. On démontre de manière habile la détresse des familles ainsi que la résilience des enfants. On y dépeint également la force et le courage des peuples autochtones qui ont été, pendant beaucoup trop longtemps, traités de façons inacceptables. Avec Je ne suis pas un numéro, on donne une voix à un peuple qu’on a forcé à se taire.
- Auteur : Jenny Kay Dupuis et Kathy Kacer
- Illustrateur : Gillian Newland
- Nombre de pages : 32 pages
- Année de parution : 2017
- Éditeur : Scholastic
Crédit photo : Noémie Philibert-Brunet