Beyrouth, 1984, la guerre fait rage. On ne compte plus le nombre de fois où les alertes ont retenti et où on doit descendre aux abris souterrains. Muna décide qu’elle en a assez de cette vie-là pour sa famille et décide de demander à son amoureux Hamlin d’aller chercher la voiture pour retourner dans les montagnes. Hamlin ne reviendra jamais, il a probablement été enlevé par des belligérants. Deux ans après avoir attendu son retour en vain, Muna et leur fils Omar décident de tenter leur chance et d’immigrer à Montréal.
La vie est loin d’être facile pour ceux-ci, si la profession de Muna, enseignante de français, a accéléré leur visa pour le Canada, aucun employeur ne reconnait ses diplômes une fois sur place. Son accent et son teint font d’elle une étrangère qu’on rejette d’emblée. Pour réussir à les faire vivre, elle décide de tenter de décrocher n’importe quel travail. Elle répond alors à une petite annonce pour une compagnie qui vend des repas amaigrissants ainsi qu’un accompagnement personnalisé. C’est ainsi que Muna deviendra Mona et en écoutant les problèmes de ses clients, elle se rend bien compte qu’il n’y a personne, elle, pour l’écouter. Pourtant, elle s’attache à ses clients et elle admire beaucoup sa patronne qui semble toujours rayonner et être capable de tout réussir dans la vie.
Hotline est un roman incroyable, j’ai adoré l’écriture (et donc la traduction) avec les nombreux mots arabes qui ponctuent le discours de Muna, je trouve que ça nous rapproche du personnage déjà attachant. L’histoire est touchante et crédible. On essaie tant bien que mal d’imaginer une mère et son fils survivre, s’intégrer, faire son deuil de la vie d’avant aussi, tout ça en affrontant le froid montréalais. C’est une histoire très personnelle et, pourtant, mille fois répétée, mais toujours pertinente. La résilience des immigrants et des réfugiés, qu’on accuse de ne pas s’intégrer assez, est louable. Aussi, la persévérance, la force des mères à pouvoir créer de la magie à partir de presque rien.
Un récit qui fait réfléchir, qui fait sourire, qui nous ouvre les yeux aussi à une autre réalité bien présente autour de nous. Le roman sera d’ailleurs défendu lors du débat des lectures canadiennes 2023 par Gurdeep Pandher sur les chaînes et à la radio CBC.
- Auteur: Dimitri Nasrallah
- Traducteur: Daniel Grenier
- Maison d’éditions: La Peuplade
- Parution: 13 février 2023 (pour la version francophone)
- Nombre de pages: 369
Crédit photo: Valérie Ouellet