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Granby au passé simple

Une couverture qui annonce un voyage dans le temps, direction Granby pour remonter le fil de cette relation père-fils racontée par Akim Gagnon. Ce deuxième roman de l’auteur accroche par son rythme soutenu combiné à son ton authentique et anecdotique. C’est un livre avec du cœur à revendre et un langage coloré à souhait. 

Le narrateur reçoit la visite inattendue de son père chez lui à Montréal, les moments pour ce duo se font rares avec les années. Le narrateur revisite l’époque où son frère, son père et lui-même ont habité ensemble dans leur maison mobile à Granby. Autant les moments marquants que banals sont mis en scène pour permettre de saisir comment l’enfance et l’adolescence du narrateur se sont déroulés dans un climat variable selon les événements et les épisodes du paternel. Le père adore ses fils, son amour est parfois teinté de grandes  maladresses en raison d’une dépression avec laquelle il ne sait pas quoi faire, la santé mentale était bien loin d’être une priorité dans les années 2000. Il réussit à leur décrocher la lune en leur offrant des cours de théâtre qui marqueront leurs parcours, il les écrase aussi à d’autres moments avec des paroles hautement toxiques. Le désarroi ainsi que le désespoir fréquentent la légèreté et les éclats de rire à travers les scènes de cette autofiction. 

J’aurais souhaité à Pop d’avoir un père aimant comme le mien. En dépit de tous ses défauts, ses maladresses et ses mensonges, mon père était un bonhomme doté d’un très grand cœur.
– p. 289

Les références à l’époque sont agréablement nostalgiques dans ce livre, que ce soit l’enregistrement sur VHS de l’émission La petite vie, l’arrivée d’internet dans les maisons avec la ligne téléphonique occupée ou la création d’une fiche Réseau Contact pour aider un père en manque de repères, c’est vraiment du bonbon bien ficelé. Cette histoire de famille avec ses enjeux et ses personnages singuliers marque l’imaginaire tout en faisant réfléchir aux rapports entretenus avec nos propres familles. Au final, l’envie de faire un immense câlin aux membres de vos clans peut être un effet secondaire de cette lecture prenante. 

  • Texte : Akim Gagnon 
  • Éditions : La Mèche 
  • Parution : Mai 2023 
  • Pages : 416 pages 

Crédit photo: Marie-Josée Gonthier 

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