Un jour, grand-père m’a dit que j’étais un enfant de salaud. Oui, je suis un enfant de salaud. Mais pas à cause de tes guerres en désordre papa, de tes bottes allemandes, de ton orgueil, de cette folie qui t’a accompagné partout. Ce n’est pas ça un salaud. […] Non. Le salaud, c’est l’homme qui a jeté son fils dans la vie comme dans la boue. Sans trace, sans repère, sans lumière, sans la moindre vérité.
Étant une fan finie, Sorj Chalandon a, encore une fois, réussi à m’hypnotiser avec ce dernier roman où le narrateur raconte l’histoire de son père. Comme dans tous les romans de Sorj Chanlandon ou presque, le narrateur et l’auteur se confondent, ce qui a pour effet de nous lier à l’histoire encore plus… si c’est possible.
Un jour un grand-père révèle à son petit-fils de 10 ans que son père est un enfant de salaud, que pendant la guerre, il n’était pas du bon côté. Son père, un collabo ? Alors que le journaliste et son père assistent au procès de Klaus Barbie, accusé de crimes contre l’humanité puisqu’il a, entre autres, déporté 44 enfants juifs dans des camps de concentration (la rafle d’Izieu), l’enfant de salaud décide d’user de ses contacts afin d’obtenir le dossier militaire de son père. Ce qu’il y découvrira dépasse l’imagination, et il devra confronter son père et ses mensonges qui n’en finissent plus.
Le livre aborde la parfois très difficile histoire de nos parents à porter. Comment comprendre quelqu’un qui a fait tout le contraire de ce à quoi on croit ? Qui nous a menti toute sa vie ? Qui, alors qu’il se pense sur son lit de mort, nous confie encore des mensonges ? L’auteur aborde la relation père-fils, celle qu’on voudrait et qu’on n’aura jamais. Ce qui nous lie, ce qui nous sépare aussi. Un roman complexe par les émotions qu’il suscite, mais fascinant et très juste aussi. Comme dans tous les romans de l’auteur, une recherche exhaustive est derrière l’excellence de l’ouvrage. Les faits, le procès de Klaus Barbie, la rafle d’Izieu, les horreurs racontées pendant le procès, tout est véritablement arrivé. C’est un roman qui reste longtemps collé à la peau.
- Auteur : Sorj Chalandon
- Maison d’édition : Grasset
- Parution : 2021
- Nombre de pages : 330
Crédit photo : Valérie Ouellet