Littérature jeunesse Quoi lire?

Des moutons et des chiens 

Récemment, Bibliothèque québécoise a fait publier deux nouveaux titres : D’où viens-tu, berger? juste à temps pour son adaptation cinématographique et Un homme et ses chiens de Marc Séguin. Bien que complètement différents, les deux œuvres se retrouvent grâce aux animaux mis en scène, l’amour pour ceux-ci et, surtout, tous les deux parlent d’une grande soif de liberté.   

D’où viens-tu, berger ?  

Mathyas Lefebure avait tout d’une vie normale à Montréal, il travaillait en marketing, lisait les grands philosophes quand une amoureuse qui était en France lui parle d’un ami qui cherche un berger. Mathyas dessine spontanément trois petits moutons sur une feuille, puis l’idée fait son chemin jusqu’à ce que l’auteur décide de la mettre en pratique. Il décide donc de se rendre en Provence, au marché des éleveurs de moutons, à la Saint-Valentin. Toutefois, arrivé là-bas, il se rend compte que le marché a eu lieu des mois auparavant. Le narrateur ne perd pas espoir et affiche son offre : berger canadien cherche alpage en Provence.   

C’est le cas de le dire, l’offre attire nombre de curieux, puis un premier éleveur lui offre une chance comme apprenti berger, mais surtout comme aide afin de maintenir les installations propres aux brebis. Il s’agit du mas Crapule de Gérard Pellé, ce dernier embauche déjà deux ouvriers arabes pour ses trois bergeries. Arrivé sur place, Mathyas est prêt à tout pour apprendre à devenir berger, il se contente donc d’un campement sans eau chaude pour dormir, mais la violence envers les brebis, l’insalubrité viendront à bout de ce premier mandat, il quittera avant la fin de son contrat, pourtant toujours déterminé à devenir berger.  

Il attend peu de temps avant que le premier éleveur qui avait besoin d’un berger le recueille au mas Bonheur. Là-bas, il trouve des installations propres et modernes, mais surtout une attitude tendre envers les brebis, en plein ce dont il avait besoin. Il aura une bonne formation qui lui permettra de, finalement, devenir berger et de mener des brebis en alpage. Avec son amoureuse, ils décident donc de mener les brebis du couple Roux avec l’aide de Chipie, le chien-berger. S’ensuit alors une folle aventure en montagne avec le troupeau. Tout va pour le mieux et le couple vit dans le bonheur et l’alcool jusqu’à ce que le Loup se montre. D’abord vu à travers une attaque suspecte, un carnage survient, des centaines de brebis attaquées. Il n’y a plus de doute, c’est le Loup. Comment l’aventure du couple finira-t-elle ? Est-ce que le retour du Loup sonne la fin des alpages ?   

Ce livre pastoral est étonnant, peu de gens décident du jour au lendemain de devenir bergers en Provence sans expérience préalable. Il est fort intéressant comme lecteurice de découvrir ce métier légendaire, millénaire en même temps que le narrateur. La liberté totale que le métier permet n’est certes pas faite pour tout le monde, mais nous rappelle le carcan qui enferme la plupart des travailleurs urbains. Un petit bémol pour moi serait tous les liens avec la philosophie et les grands philosophes. J’ai trouvé que ça alourdissait le texte, mais c’est très personnel. En somme, une belle découverte, une rencontre qui ne laisse pas indifférente. Je visionnerai certainement le film qu’en a tiré Sophie Deraspe.   

  • Auteur : Mathyas Lefebure  
  • Maison d’édition : Leméac   
  • Parution : 2006 (nouvelle édition BQ 17 octobre 2024)  
  • Nombre de pages : 280  

Un homme et ses chiens  

Sixième roman de Marc Séguin, homme aux multiples talents, Un homme et ses chiens raconte l’histoire d’un enfant vivant seul avec sa mère, puis de l’adolescent qui ne croit pas vraiment en l’amour et enfin de l’homme qui est appelé six mois par année au grand air comme garde-chasse dans une pourvoirie. Mais c’est aussi et surtout l’histoire des chiens de cet enfant, de l’adolescent et de cet homme.   

Depuis tout petit, le narrateur a des envies de fins du monde, de destruction qu’il cache d’abord à sa mère, puis aux autres autour de lui, seule exception : ses chiens. Son confident de toujours, son allié loyal, sera son lien le plus sincère au cours de son existence. Il lui arrive, adolescent et adulte, de se détruire lui-même avec des drogues ou de l’alcool jusqu’à ce qu’il trouve son refuge, une pourvoirie où il travaille presque six mois par année à Anticosti. Là-bas, au milieu de la nature, avec son chien rapporteur, il arrive à exister. Il lui arrive même d’avoir des relations amoureuses lorsqu’il retourne au Sud bien qu’il ne croit pas à l’amour, au sentiment amoureux. Jusqu’à ce qu’il rencontre Marie, la fille de son mentor à Anticosti. Cette femme devient la planète de l’homme qui ne croyait plus vraiment en ce monde, en ces relations.  

J’adore l’écriture de Marc Séguin et ce roman n’y échappe pas, le récit est brillant, il nous entraîne dans toutes sortes de sentiments et de réflexion : l’humanité, la nature, les relations humaines aussi. On s’attache tout autant aux personnages qu’aux chiens qui parsèment l’histoire et on reste avec l’urgence d’aimer ceux qui nous entourent et de prendre soin de notre planète. Maintenant en format poche, vous n’avez plus d’excuse pour aller lire ou relire ce roman.  

  • Auteur : Marc Séguin  
  • Maison d’édition : Leméac  
  • Parution : 2022 (nouvelle édition BQ 24 octobre 2024)  
  • Nombre de pages : 184  

Crédit photo : Valérie Ouellet  

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