Jean Sioui est un poète wendat originaire de Wendake. Il a aussi fondé les éditions Hannenorak, spécialisées en littérature autochtone. Il publie cet automne un nouveau recueil de poésie : Des morceaux de temps.
Dans ce nouvel ouvrage, le poète étudie la place de son identité autochtone dans un monde où la majorité de la population ne s’intéresse pas à sa culture et sa famille. Il traite du sujet d’un angle tantôt très personnel, tantôt au sens plus large.
Je suis du clan de l’ours
– p. 38
J’ai laissé un crayon sur une bûche
J’ai demandé aux ours de dessiner
mon arbre généalogique
Sioui utilise sa plume pour ouvrir les cicatrices des traumatismes systémiques et saigne sur les pages pour guérir. Il n’hésite pas à se vider le cœur sur les pensionnats, les réserves, l’arrachement à la nature et l’envahissement par les colons européens.
Je ne suis qu’un mauvais grain
– p. 16
sur le chapelet
des hommes en soutane
souillée du fantasme
salut jolie Huronne
au raccourci du chemin de la croix
Son écriture est à la fois simple et violente. C’est presque du bout des lèvres qu’il nomme les malheurs. C’est extrêmement bien fait.
Le voilier parlait français
– p. 47
Il a cicatrisé la mer
Entre deux pays
Vraiment, le nouvel ouvrage de Jean Sioui est impressionnant. Tant en si peu de mots. C’est une réussite totale.
- Auteur : Jean Sioui
- Éditions : Mémoire d’encrier
- Parution : 15 janvier 2024
- Pages : 64 pages
Crédit photo: Patrice Sirois