Hiroshimoi ayant frappé droit au cœur, c’est avec impatience que j’attendais le recueil de poésie de Véronique Grenier. Chenous revisite la détresse, mais puise sa source dans un autre amour, moins déchirant mais tout aussi brutal. Celui d’une mère pour ses enfants.
Chenous c’est tout ça qui s’allie : la vitalité indéniable des enfants, même quand on a envie de crever. Les siens mettent de la vie partout et cela, malgré l’ennui mortel des gestes répétés que suppose la maternité. Devoir trouver quelque chose à manger, aller au parc, jouer ou faire semblant. À tout le moins, exister pour eux, dans ce bazar domestique, même quand on a envie de tout abandonner. Ça lui prendra une force insurmontable, juste cela, rester en vie, malgré le fouillis qui l’entoure.
C’est pourtant de ce chaos quotidien qu’elle tirera la force nécessaire pour tenter de se relever. Le désordre de sa vie pêle-mêle est d’une certaine façon réconfortant. Le vide, beaucoup moins. Brinquebalante quand les p’tits ne sont pas là, elle vivote au rythme de leur présence.
ma p’tite/ saura jamais/ qu’à l’autre bout du fil/ un samedi soir/ ses pleurs/ m’ont ramenée/ du loin/ où je pensais aller
Chenous, ce sera là où elle se terre. Mais aussi là où elle réussira à leur aménager une demeure. À la mesure de leurs petits cœurs qui battent malgré son mal de vivre, la sève finit par couler et elle, de prendre racine.
Avec ses mots soigneusement tricotés, ses phrases minutieusement fignolées, Véronique Grenier réussit encore une fois à nous raconter le repli, l’accablement et la noirceur tout en délicatesse. Elle nous offre un petit recueil sur la fragilité de notre tête et la force titanesque que peuvent nous procurer les enfants qui nous retiennent de sombrer dans les bas-fonds de nous-mêmes.
- Autrice : Véronique Grenier
- Nombre de pages : 55 pages
- Date de parution : 2017
- Éditeur : Les Éditions de Ta Mère
- ISBN : 978-2-924670-17-0