« Dérives identitaires, amours imaginaires & détours capillaires », voilà un sous-titre qui décrit plutôt bien l’excellente bande dessinée de Catherine Lepage, publiée en novembre dernier à La Pastèque et intitulée Bouées.
L’histoire débute en 1994, avec une Catherine au crâne rasé, aux Foufounes électriques, mini-jupe et remplie d’évidentes illusions de jeunesse. Un commentaire de Christian, pseudo-cool en chemise carreautée, renvoie la jeune fille dans son passé, jusqu’en 1982 où prennent visiblement racine son imagination fertile, ses doutes vestimentaires et ses incertitudes stylistiques.
À travers son amitié Jacinthe, son parcours scolaire et ses emplois, Catherine explore ses coups de cœur pour des hommes plus poches les uns que les autres, sa faible estime d’elle-même et son terrible besoin de fitter dans les groupes qu’elle fréquente, au détriment probablement de sa propre identité… qu’on finit toutefois par découvrir. Car entre Luigi, Steven, Éric et les autres, Catherine cherche-t-elle l’amour, ou se cherche-t-elle elle-même ?
Impossible de ne pas s’attacher ou même se reconnaitre dans ce personnage authentique qui traverse l’adolescence entre doutes et rejets, en quête d’amis, d’amours et de reconnaissance ! Catherine Lepage réussit parfaitement à transcrire cette époque parfois si difficile qu’est la jeunesse quand on se situe entre timidité, peur du rejet et volonté d’être ou de paraitre badass.
Imprimé en bichromie rose et vert, Bouées est un ouvrage fait d’humour, de douceurs et de sensibilités. Les couleurs et le style détonnent tout en restant habilement au service de l’histoire. Les « interludes capillaires » qui ponctuent le récit sont tout simplement parfaits, rythmant avec finesse et drôlerie l’évolution mi-gênée, mi-revendicatrice, de l’héroïne. Et il faut le dire, rien que pour la variété capillaire des personnages, Bouées est une bande dessinée à s’offrir et à dévorer !
- Autrice : Catherine Lepage
- Maison d’édition : La Pastèque
- Parution : Automne 2020
- Nombre de page : 172
Crédit photo : Annick Lavogiez