L’an dernier, pour le mois de l’histoire des Noirs, je m’étais donnée le défi de lire un premier roman de Maya Angelou, grande écrivaine afro-américaine connue surtout pour ses nombreux récits autobiographiques. C’est étonnée et séduite que j’ai dévoré Lady B, une autobiographie axée sur la relation tumultueuse qu’elle a entretenue avec sa mère.
Cette fois, j’ai lu Un billet d’avion pour l’Afrique. Une fois de plus, Maya Angelou nous raconte un épisode véritable de sa vie. Au début de sa trentaine, elle et son fils déjà âgé de 17 ans, partent pour l’Afrique avec un billet d’avion en aller simple. Le but était de retourner sur la terre de leurs ancêtres esclaves et d’y rester pour de bon.
À l’époque, le Ghana dirigé par Kwame Nkrumah est l’un des pays phare de l’Afrique, figure de l’émancipation du continent africain au sortir d’une interminable période colonialiste. Maya Angelou n’est pas la première afro-américaine à tenter un retour sur le continent, les années 1960 étant marquée par cette vague de Noirs américains voulant se réapproprier leur culture et leurs racines africaines. Pendant son épopée africaine, elle croisera le chemin d’illustres personnages de l’époque et figures aujourd’hui emblématiques de l’émancipation des Noirs aux États-Unis, comme Malcom X, Muhammad Ali et W.E.B. Dubois.
Portant à la fois à une réflexion politique, ce roman en est un aussi d’introspection, alors qu’elle se remémore cette période de 1962 à 1964 durant laquelle elle a essayé de refaire sa vie en Afrique. Une Afrique peut-être un peu idéalisée, qui semble indifférente à ce retour d’une partie de la diaspora. Une Afrique qui est aussi une partie importante de son identité bien qu’elle lui soit complètement inconnue.
Au fil des pages, elle relève certaines similitudes et différences culturelles, reconnaissant ainsi l’héritage africain imprégné dans la culture afro-américaine. J’ai trouvé extrêmement intéressant de lire ses réflexions sur la discrimination, le colonialisme, l’émancipation, le dépaysement et l’exil. C’est une expérience unique qu’elle décrit dans ce roman et on en ressort enrichi. Après s’être questionnée pendant deux ans sur sa place en Afrique, sur son identité et son sentiment d’appartenance, Maya retourne finalement en Amérique plus déterminée que jamais à participer à l’émancipation des Noirs dans le pays qui l’a vu naître.
Autodidacte courageuse et déterminée, Angelou m’a encore une fois éblouie avec ce récit représentatif d’une période de l’histoire et d’une réalité qu’on connaît peu.
- Autrice : Maya Angelou
- Éditions : Livre de poche
- Date de parution : 1986
- Nombre de pages : 258 pages
Crédit photo : Adria Richards (Wikipedia commons)