David Goudreault, poète, romancier et travailleur social, nous offre enfin la dernière partie de sa trilogie : Abattre la Bête.
Pour ceux qui ne connaissent pas les deux premiers volets, La Bête à sa mère (2015) ainsi que La Bête et sa cage (2016), il faut d’abord connaître le personnage. Il est l’œuvre.
La Bête est un homme extrêmement perturbé, méchant, et introversif. Sa narration est une suite rocambolesque d’idées sans filtre. On est aux premières loges des réflexions d’un désaxé et on y prend tellement goût, qu’on commence à s’inquiéter pour notre propre santé mentale. La Bête est cruelle, mais Goudreault ajoute à sa personnalité un humour sadique qui la rend pathétique. On la prend en pitié, même si elle est férocement abominable. L’auteur ne se gêne pas pour mettre dans sa bouche les pires atrocités souvent collées sur l’audacieuse ligne qui sépare l’acceptable et l’inacceptable. On joue facilement dans les extrêmes, presque absurdes, pour nous faire comprendre les sentiments du narrateur. Pour vous donner un des exemples les plus doux du livre, la Bête souligne notamment qu’une personne peut être aussi utile qu’une poêlée de bacon peut l’être à une végétalienne. Malgré toute la méchanceté et la douleur au fond de l’homme déséquilibré, la plume utilisée dans Abattre la Bête sait nous faire sourire de A à Z.
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Alors que le narrateur a fervemment cherché sa mère dans le premier tome et passé du temps en prison dans le deuxième, on le retrouve dans le dernier volume de la trilogie à l’institut Pinel. Il s’évade dans un des plans des plus saugrenus et se retrouve à vivre dans la rue pour se cacher de la police. Avec la volonté indestructible de revoir sa mère, il prend des décisions abracadabrantes (ceux qui ont lu les deux premiers sauront de quoi il est capable !) qui l’amèneront dans des scénarios à peine croyables.
J’ai adoré que Goudreault pousse son personnage et ses actions beaucoup plus loin que dans les premiers tomes. La Bête nous a déjà impressionnés par ses actions des deux premiers romans, mais nous n’avions rien vu. Le désespoir est un moteur puissant.
Abattre la Bête nous fait vivre la douleur d’un narcissique cruel qui est littéralement prêt à tout pour retrouver sa mère tout en nous faisant rigoler. Cela peut être dur à croire, certes, mais si vous doutez, c’est que vous ne connaissez pas son auteur. David Goudreault conclut ainsi une des meilleures trilogies de la littérature québécoise. C’est documenté.
Sortie en librairie le 12 avril 2017 !!
- Auteur : David Goudreault
- Date de parution : 12 avril 2017
- Éditeur : Stanké
- Nombre de pages : 235 pages
Crédit photo : Patrice Sirois