***coup de cœur***
Wow ! Au nom de Catherine est une bande dessinée qui sort du lot, bien que ce soit une suite à La guerre de Catherine, l’œuvre vit très bien seule aussi. Cette bande dessinée est une adaptation du roman du même nom de Julia Billet, dans ce récit, nous retrouvons Catherine, de son vrai nom Rachel Cohen. Rachel a dû se cacher en zone libre pendant la Deuxième Guerre mondiale étant juive et changer d’identité, ainsi elle est devenue Catherine Colin, photographe.
À son retour à la Maison de Sèvres, elle retrouve ses amis, mais ses parents et certains amis manquent à l’appel. Elle se livre corps et âme dans la photographie, mais tout est compliqué au début des années 50 pour une femme qui souhaite travailler dans un monde d’hommes avec la permission de ceux-ci seulement. Au début, Catherine ne se fait pas prendre au sérieux, elle couvre surtout des fêtes et des mannequins de mode, puis on lui offre de partir faire un photoreportage sur Auschwitz. Catherine s’en sent incapable. Heureusement, elle fera de belles rencontres aussi dont Mavis, chanteuse afro-américaine et communiste, elle lui racontera les lois ségrégationnistes américaines et les nombreuses injustices qui en découlent. L’histoire de Mavis et sa propre histoire lui donnent envie de découvrir ce qui se passe réellement là-bas, elle décide alors de partir là-bas se faire sa propre idée. Catherine nouera de nombreuses amitiés là-bas et fera son premier vrai travail de photographe-reporter. À son retour, elle découvrira qu’elle a accompli son vœu le plus cher, elle est devenue une femme libre.
Cette bande dessinée est une exposition sur l’histoire et d’art en même temps. Je ne me lasse pas, encore aujourd’hui, de tourner les pages au hasard. Mayalen Goust réussit à nous captiver, à nous emmener dans l’histoire, à nous faire voir à travers ses yeux, ce qui est, à mon sens, ce à quoi tout artiste tend.
L’histoire de Catherine soulève de très nombreuses questions encore tellement pertinentes de nos jours: le droit des femmes, l’identité, la lutte dans un conflit qui n’est pas le nôtre. Catherine a-t-elle le droit de donner son avis sur la ségrégation raciale aux États-Unis étant une femme étrangère blanche ? Elle répond, est-ce seulement les Juifs qui peuvent parler de la Shoah ? Bref, on suit Catherine comme on suit un proche pour lequel nous voulons le meilleur. Ce personnage et, surtout, cette œuvre me suivront longtemps. Si vous n’aviez pas encore compris, c’est une bande dessinée à se procurer dès maintenant !
- Autrice: Julia Billet
- Illustratrice: Mayalen Goust
- Maison d’édition: Rue de Sèvres
- Parution: 4 mai 2023
- Nombre de pages: 155
Crédit photo: Valérie Ouellet