Nine Antico s’inspire de trois femmes ayant vécu en Italie au XXe siècle et qui ont été brisées par les valeurs et les mœurs de l’époque. Ces trois femmes portent aussi le prénom de saintes encore priées et vénérées aujourd’hui alors que les premières ont presque été oubliées, Nine Antico nous les rappelle.
La première jeune fille presque femme que nous rencontrons est Agata. Son père l’a fait enfermer dans un sanatorium alors qu’elle est en pleine santé. Sa mère assassinée par son amant, le déshonneur plombe sur la famille, ainsi est sacrifiée la pauvre Agata qui doit, en plus, cacher son identité.
Lucia, quant à elle, se fait humilier, peu après la Seconde Guerre mondiale, pour avoir couché avec soldat allemand alors qu’à peu près toutes les jeunes femmes devaient se prostituer pour survivre. Lucia refuse ensuite l’option qui lui est donnée: se marier.
Puis, Rosalia fera preuve d’un immense courage en dénonçant plusieurs mafieux de son village, toute sa famille la reniera d’avoir brisé l’omerta. C’est dire à quel point, la cosa nostra était et est encore puissante en Italie.
L’autrice nous raconte donc ces trois vies en faisant le parallèle avec les trois saintes dont elles partagent les prénoms. Je dois avouer que ça peut devenir un peu mêlant, mais, en même temps, ça donne une valeur aux histoires. Les récits liés à l’histoire des saintes sont vraiment intéressants et nous permettent de mieux comprendre certaines régions de l’Italie et ses valeurs conservatrices aussi. L’autrice a rigoureusement rapporté les histoires, on retrouve d’ailleurs une importante bibliographie à la fin.
Les dessins sont parfois très beaux, parfois dérangeants. Il faut dire que certaines périodes de l’histoire sont plus dramatiques aussi et les Italiens ont aussi ce sens du drame. La plupart des dessins sont en noir et blanc avec quelques traits de rouge pour accentuer leur tragédie.
- Autrice et illustratrice: Nine Antico
- Maison d’édition : Aire Libre
- vParution: 25 avril 2023
- Nombre de pages: 144
Crédit photo : Valérie Ouellet