Nathalie, une femme dans la cinquantaine, se maquille et donne des conseils sur l’art de se maquiller, surtout sur l’art de camoufler ses imperfections. Elle monologue sur les différentes étapes en nous expliquant à quel point c’est important de montrer, en tout temps, son meilleur visage. Toutefois, au fil de la pièce, on découvre le drame de Nathalie, le drame des femmes. Le fait que les femmes ne sont jamais à la hauteur des hommes, que malgré une intelligence, un talent exceptionnel, malgré le fait d’être la meilleure version de soi-même, l’homme ne retiendra que l’esthétique, que le factice.
Ma médecin m’avait avertie: les femmes enceintes, on les chouchoute, on les dorlote, et une fois qu’elles ont accouché, on les abandonne.
– p. 98
Elle invite dans son monologue Simone De Beauvoir qu’elle imagine à notre époque, Nelly Arcan qui ne sera jamais à la hauteur d’elle-même, toujours un corps plutôt qu’un être humain intéressant, intelligent.
Nelly était un incendie en elle-même et sa beauté tenait, malgré ce qu’elle a pu en penser et les souffrances qu’elle a fait subir à son corps, à l’intensité de sa vie intérieure. Ses textes restent. Nelly avait cédé à tous les critères de La burqa de chair, comme elle l’a nommé dans son essai du même nom, et à tous les diktats imposés par la pornographie et l’industrie de la beauté qui dévorent les femmes de la naissance à la mort. Ce sont les diktats qui l’ont tuée.
– p. 77
Vous comprendrez toute l’ironie de la pièce de Nathalie Boisvert et c’est là toute la beauté, son message nous rentre dedans à la puissance mille. À un certain moment, on a seulement le goût d’aller prendre dans nos bras Nathalie pour lui dire d’enlever son camouflage, qu’on ne souhaite qu’elle soit elle-même. En même temps, on ne peut qu’acquiescer au constat: les diktats de la beauté féminine sont bel et bien là pour rester et, le plus souvent, ils ont le dessus sur tout le reste. Pour moi, Facelift a été une pièce qui m’a mise K.O. et un véritable coup de cœur. Pour ce qui est de La fureur immobile que j’ai bien aimé aussi, il s’agit d’un texte théâtral beaucoup plus près de la poésie qui raconte une perte de l’être aimé. En somme, un livre à se procurer!
- Autrice: Nathalie Boisvert
- Maison d’éditions: Hamac
- Parution: 24 octobre 2022
- Nombre de pages: 149
Crédit photo: Valérie Ouellet