Un escalier interminable sur la couverture, un personnage avec une mine d’incertitude qui l’observe. Qu’entend-on par La fin du commencement ? Le titre m’a interpellée sans trop savoir pourquoi. Il s’avère être inspiré d’une citation de Winston Churchill. Ce politicien historique revient à l’occasion dans le livre comme ami de discussion à Fadi, personnage principal de cette bande dessinée intimiste.
Fadi, endormi dans son appartement, matelas sur le sol, vient tout juste d’arriver à Montréal en 1999. Il nous raconte son Liban, son pays d’enfance, son pays en guerre. Sous les bombardements, il s’est toujours senti comme un étranger au sein de sa famille en raison de son orientation sexuelle. Toujours sur ses gardes pour ne rien laisser transparaître de qui il est réellement, Fadi s’oublie pour être celui dont ses parents seront fiers et il suit leurs attentes. Au fil des retours dans le temps, Fadi dévoile avec sensibilité ce qu’il a vécu pour finir par s’exiler de son pays d’origine. L’exil ne règle pas tout, Fadi apprend qu’il n’est pas possible de toujours fuir, il doit enfin laisser sa voix se faire entendre.
« En arabe, Fadi veut dire “Celui qui se sacrifie”. Mon père m’avait donné ce nom en l’honneur de son meilleur ami, Fadi Bitar, décédé dans un accident de voiture. Est-ce que les prénoms ont cette capacité de marquer par leur sens la vie des gens ? »
– Introduction, p. 1.
Ce récit à échelle humaine interpelle aussi par ses illustrations sincères. L’artiste Anne Villeneuve, avec ses décors, nous transporte autant en contexte de guerre au Liban que dans l’hiver montréalais enneigé. Elle réussit à mettre en images le parcours de ce personnage en quête de repères, un sentiment de bienveillance pour le protagoniste se fait sentir tout au long des images. Le duo créatif derrière cette œuvre a travaillé main dans la main suite à une rencontre fortuite dans un café de Rosemont, le hasard fait définitivement bien les choses. En somme, cette bande dessinée, tout en nuances, présente l’histoire bien personnelle de Fadi Malek avec des illustrations mémorables d’Anne Villeneuve. À vous de voir comment cette histoire se déploie dans toute son humanité.
- Texte : Fadi Malek
- Illustrations : Anne Villeneuve
- Éditions : Nouvelle Adresse
- Parution : 12 septembre 2022
- Pages : 184 pages
Crédit photo: Marie-Josée Gonthier