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Planète en ébullition : écologie, féminisme et responsabilité 

Les changements climatiques font l’actualité depuis bientôt une trentaine d’années. Quoiqu’en 2022 la situation soit différente, la menace qu’ils représentent n’en est pas pour le moins diminuée1.  

En effet, dans un article paru en janvier 2021 dans le prestigieux Frontiers in Conservation Science, on y fait état de trois crises majeures : les changements climatiques; le déclin de la biodiversité, notamment la forêt amazonienne brésilienne qui, depuis 2010, émet plus de CO2 qu’elle n’en absorbe; et la surpopulation humaine, alors qu’il y aura près de 9,9 milliards d’humains en 20502. Combinez à la conception philosophique dominante qu’est l’anthropocentrisme, le résultat obtenu est alarmant : on estime qu’un milliard de personnes seront réfugiés/es climatiques d’ici 2050!  

Pourtant, en 2014, les subventions octroyées aux combustibles fossiles représentaient à elles seules près de 6,5% du produit intérieur brut (PIB) mondial3. Le défi à relever est donc évidemment colossal : « comment favoriser la coopération, face aux menaces planétaires, à commencer par l’explosion démographique, les migrations et le changement climatique, tout en prenant acte d’une compétition exacerbée dans les domaines scientifique et écologique 4 ». 

La pandémie de SRAS-CoV-2, qui a bouleversé notre quotidien des deux dernières années, présente plusieurs points en commun avec le réchauffement climatique et doit donc être vue comme un signal, rapporte l’autrice5. De plus, alors que la conception traditionnelle du droit est revisitée depuis les années 1990, il semble capital de reconnaître la Nature comme sujette de droit6. Sur ce point, j’ai appris que l’Amérique latine est à l’avant-garde de ce mouvement : l’Équateur a constitutionnalisé les droits de la nature en 2008; la Bolivie a promulgué en 2010 une « loi des droits de la Terre-Mère »; et la Colombie a reconnu la forêt amazonienne comme un sujet de droit le 5 avril 2010. Ailleurs dans le monde, le fleuve Whanganui (Nouvelle-Zélande) est un sujet de droit depuis 2017 tout comme le Gange et à l’Himalaya qui ont obtenu le rang de « personne » (Inde)7. Plus près de chez nous, la rivière Magpie (Côte-Nord) s’est vue octroyer le statut de personnalité juridique en février 20218. L’Alliance Saint-Laurent tente d’ailleurs de faire de même pour le fleuve Saint-Laurent, alors que ce dernier est frappé par l’hypoxie depuis plusieurs années9

Il est donc de première importance que le droit de l’environnement subisse une révolution juridique prochaine. Non seulement devrait-il imposer des obligations juridiques aux États plutôt que de n’être que du soft law, l’autrice souligne également l’idée d’une chambre spécialisée au sein de la Cour pénale internationale, qui serait compétente pour juger le crime grave qu’est l’écocide10. Bref, nos modèles actuels basés sur la croissance économique ont de toute évidence engendré une série d’atteintes à l’environnement possiblement irréversibles… et continuent de le faire! D’ailleurs, la plupart des États dits industrialisés présentent un déficit écologique11. Or, cette récente conception du développement qui cherche à concilier croissance et justice sociale est un leurre tout comme celui de la « croissance verte » et de la « croissance durable ». Alors que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a reconnu en octobre dernier que de « disposer d’un environnement propre, sain et durable est un droit humain 12», l’heure est à un changement de paradigme : du capitalisme à la révolution écologique. 

  • Autrice : Laurence Hansen-Løve 
  • Nombre de pages : 245 
  • Date de parution : 2ème trimestre 2022 
  • Éditeur : Écosociété 

1. Hansen-Løve, à la p 64.

2. Ibid, aux pp 147 et 232.

3. Ibid, à la p 144.

4. Ibid, à la p 236.

5. Ibid, aux pp 102-103.

6. Ibid, à la p 153.

7. Ibid, à la p 148.

8. Pour aller plus loin sur les avantages de reconnaître un tel statut à la Nature, voir Radio-Canada. (13 avril 2021). Vers un statut de personnalité juridique pour le fleuve Saint-Laurent? En ligne. https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/le-15-18/segments/chronique/351235/personnalite-juridique-fleuve-saint-laurent-droits.

9. À ce propos, voir https://www.thepetitionsite.com/fr-fr/716/873/803/d%C3%A9claration-du-fleuve-saint-laurent-comme-sujet-de-droit/.

10. Hansen-Løve, à la p 148.

11. En référence au « Jour du dépassement mondial » par l’organisation internationale à but non lucratif Global Footprint Network, https://www.footprintnetwork.org/our-work/earth-overshoot-day/.

12. ONU Info (Nations unies). (8 octobre 2021). L’accès à un environnement sain est déclaré droit de l’homme. En ligne. https://news.un.org/fr/story/2021/10/1105902.

Crédit photo: Kathryn Blanchette 

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