Cette bande dessinée relate, illustre et raconte ce qu’aurait pu vivre et voir le peintre Matisse lors de ses deux voyages à Tanger. Les biographes de l’artiste témoignent qu’il y aurait plu pendant 15 jours lors de son premier voyage et ils racontent aussi qu’il y aurait peint une femme nommée Zorah. L’ouvrage dont je vous parle ici a choisi d’en donner une version, peut-être pas certes la plus juste, mais un peu comme un hommage à l’homme, à l’artiste qu’a été Matisse.
Alors quelle vérité sur Matisse dans cet album ? Quels mensonges ? Simplement, nous avons essayé de raconter ce moment à part à Tanger, un peu comme Matisse avait pu essayer de le peindre.
Selon moi, il est donc très important de comprendre que nous n’avons pas ici à faire avec une bande dessinée biographique, mais bien une histoire racontée et illustrée à la façon Matisse. Une fois averti.e, on peut vraiment apprécier tout le travail de l’auteur qui réussit à merveille à nous raconter l’histoire d’une femme, d’une muse, celle de Zorah. On nous plonge dans le Tanger du début des années 1900 où le fossé entre la culture marocaine et la culture française est grand, immense. Alors, lorsque Grolleau nous transporte au moment où Matisse demande à peindre un modèle féminin local, on sent bien toute la réticence du personnel de l’hôtel où il loge. Matisse, qui est fasciné par Zorah, par sa personne, mais aussi par l’histoire qu’elle lui raconte, devra retourner à Tanger afin d’en connaître la fin et de pouvoir tourner la page sur son voyage à Tanger.
Un mot sur les illustrations magnifiques d’Abdel de Bruxelles où nous retrouvons les couleurs si précieuses à Matisse, mais aussi qui font en sorte que nous puissions réellement ressentir ce que le personnage principal semble vivre lors de ses voyages. Autant l’espoir que Matisse fonde en Tanger afin de relancer son inspiration, que la pluie qui ne cesse de tomber dans cette oasis qui créé cet état dépressif dans lequel est pris le peintre et qui le forcera à faire venir un modèle à sa chambre.
Bien sûr, nous savons que cette histoire n’est pas vraie à 100%, mais elle nous fait voyager, elle nous rappelle un artiste exceptionnel et nous charme avec ses illustrations magnifiques. Une magnifique bande dessinée à posséder.
- Auteur: Fabien Grolleau
- Illustrateur: Abdel de Bruxelles
- Maison d’éditions: Dargaud
- Parution: 17 mai 2022
- Nombre de pages: 118
Crédit photo: Valérie Ouellet