Karen McBride est une autrice anishinabe de la Première Nation du Timiskaming. Son premier roman, Crow Winter, a été finaliste pour de nombreux prix au Canada. Ce printemps, l’excellente maison d’édition Hannenorak publie sa traduction française : L’hiver de la corneille.
Alors que Hazel Ellis vit encore le deuil de son défunt père, elle découvre que la carrière qu’il lègue à sa famille est impliquée dans quelque chose qui semble être très près de la supercherie. Elle décide de se pencher sur ce dossier alors que sa famille vit des moments très fragiles. À travers tout cela, elle reçoit la visite d’une créature folklorique, un Trickster nommé Nanabush, qui l’accompagne dans ses démarches.
L’hiver de la corneille est une œuvre construite de façon majestueusement hybride. McBride croise la littérature moderne avec le folklore autochtone avec une aisance émérite. Nous avons affaire ici avec un équilibre parfait entre le contemporain – la protagoniste fait une enquête sur une fraude politique sur un territoire autochtone – et le folklorique représenté par la présence incontestée d’une créature mythique. C’est absolument réussi.
En plus, le tout est écrit avec une sensibilité époustouflante. Rappelons que la famille de Hazel est encore en deuil alors qu’elle découvre une escroquerie majeure sur le territoire de sa communauté. La plume de McBride jongle avec cette courtepointe d’émotions avec brio.
Vraiment, il est totalement surprenant qu’une autrice québécoise comme Karen McBride soit presque inconnue dans sa propre province. Finaliste de plusieurs prix au Canada anglophone, il serait logique que les mêmes événements se déroulent pour la traduction francophone de ce chef-d’œuvre.
- Autrice : Karen McBride (traduction de Sylvie Nicolas)
- Éditions : Éditions Hannenorak
- Parution : 29 mars 2022
- Pages : 407 pages
Crédit photo: Patrice Sirois