Zsuzsi Gartner est une autrice canadienne surtout connue pour son travail de journaliste dans de nombreux journaux au pays. Chaque fois qu’elle publie une œuvre de fiction, elle est presque inévitablement en lice pour un prix. Son premier roman Le malenchantement de Sainte Lucy n’y fait pas exception. La traduction française par Éric Fontaine paraît cet automne chez Alto.
Lorsque son cousin Zoltán meurt d’un bizarre incident dans une fête, il fait une étrange confession à Lucy, une catholique fanée. À la suite de cet événement, une multitude de gens viendront se confesser à Lucy. Malgré elle, la protagoniste se retrouve au milieu d’un récit aux allures d’un évangile anarchique.
Le malenchantement de Sainte Lucy est sans équivoque un livre étrange, mais son dynamisme et sa folie le rendent extrêmement intéressant. Les rebondissements s’enfilent sans s’essouffler et tout devient hypnotisant. On se perd dans le labyrinthe de la narration, mais le tout est raconté avec une si grande légèreté qu’on s’y plaît. L’autrice mélange quotidien et réflexions profondes, parcs ordinaires de Toronto et grands voyages, culpabilité et guérison.
Ce qui rend ce roman absolument unique est non seulement sa narration, mais aussi ses réflexions. Gartner utilise le destin de Lucy pour réfléchir à tout ce qui peut s’avérer positif dans une vie. Comment intégrons-nous réellement l’amour dans nos vies ? En si peu de temps ? Qu’est-ce qui vaut la peine ? Le livre met en vedette Lucy, mais en même temps, si peu. C’est un récit où la philosophie s’applique à quiconque prend le temps de s’arrêter dans un monde où tout explose constamment.
Comme l’autrice pousse les limites de la fiction au maximum, cette œuvre est un roman pour un lectorat qui aime être déstabilisé. Le chaos est toujours inattendu, mais tient brillamment en place grâce à l’humour de Zsuzsi Gartner.
- Autrice : Zsuzsi Gartner (traduction d’Éric Fontaine)
- Éditions : Alto
- Parution : 31 août 2021
- Pages : 256 pages
Crédit photo : Patrice Sirois