Le premier disque compact que je me suis achetée lorsque j’étais adolescente est Le Dôme de Jean Leloup. Cet album, je l’ai plus qu’usé, je le connais par cœur. L’artiste m’a toujours fasciné, complètement déjanté et pourtant si profond dans ses textes et sa musique. L’essai de Nadia Murray m’a donc, dès l’annonce de sortie, intéressée. J’ai eu la chance d’enfin le lire récemment. Il faut préciser que l’essai n’est aucunement une biographie de l’artiste bien qu’on y apprenne des détails concernant, entre autres, sa jeunesse et ses inspirations. Nadia Murray a fait sur Jean Leloup une vraie thèse de doctorat, une recherche extensive.
Dans l’essai, l’autrice étudie avec précision l’ethos (selon Aristote : « caractère [de], l’image de soi que projette l’orateur désireux d’agir par sa parole») et la persona, synonyme de performance (« that when we see a musician perform, we are not simply seeing the real person playing : as with actors, there is an entity that mediates between musicians and the act of performance.») de Jean Leloup au fil de ses albums (qui constitue les chapitres de l’ouvrage), et donc de sa carrière.
Bien qu’une étude de cette envergure puisse paraître pour le lecteur, un peu lourde, il n’en est rien. L’autrice réussit à nous accrocher, à nous divertir, à nous rappeler d’excellents et de moins excellents moments de la carrière de Jean Leloup. Elle analyse avec brio les couvertures des disques où rien n’est laissé au hasard et les paroles de certaines chansons « phares » : Alger, Cookie, Pigeon, La chambre, Les Fourmis et Les remords du commandant. Moi qui me définissais comme fan de Leloup, je dois avouer que cet essai m’a apporté un nouvel éclairage, un nouvel angle vraiment intéressant. J’ai donc tout au long de ma lecture réécouté Jean Leloup avec plaisir. Bref, Nadia Murray a réussi à me faire replonger dans l’univers de l’artiste et ça m’a beaucoup plu.
La mygale est une araignée qui mue incessamment : un peu à la manière de cet insecte, l’identité artistique de Leloup s’est développée au rythme incessant des mutations.
- Autrice : Nadia Murray
- Maison d’éditions : L’instant même
- Parution : 2020
- Nombre de pages : 207
Crédit photo : Valérie Ouellet