Eugène est un architecte fasciné par l’ordre, les lignes, la symétrie et la cohérence des objets qui l’entourent. Rigoureux ou maniaque ? Difficile à dire… mais, en tout cas, Eugène n’a pas l’air très heureux, dans son univers ligné, carotté, droit et contrôlé. Il est gris, il a les sourcils froncés, il est froid. Et seul.
En supervisant la création de son nouvel immeuble symétriquement et parfaitement satisfaisant, Eugène a une énorme surprise : un arbre est tombé exactement sur le troisième étage. Comment notre bonhomme gris et contrôlant va-t-il utiliser cet imprévu pour transformer ou adapter son projet ? Parce qu’être fasciné par l’ordre ne veut pas dire manquer de créativité…
Mauvaise herbe est une charmante fable sur l’adaptabilité de l’être humain, sa capacité de changer et de rebondir, et la douceur des imperfections de la nature. On s’y questionne à la fois sur notre nature à vouloir tout contrôler, mais aussi sur notre impact sur l’environnement qui nous entoure. Et, au fil des pages, une question essentielle s’échappe de cette œuvre : « Mon travail peut-il détruire la nature? »
Et en plus de l’histoire, très sympathique, j’ai adoré dans cette bande dessinée ludique et poétique les jeux de couleurs, la prédominance du vert qui s’oppose au gris, la naissance du bleu en cours de lecture, le détail et la précision des planches et ce jaune lumineux, comme un constant rappel que rien n’est tout à fait gris dans la vie.
Thibaut Rassat est illustrateur freelance et architecte. Diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille, il vit à Paris et Mauvaise herbe est son premier livre. Et c’est une très belle réussite, tant visuelle que scénaristique.
- Titre : Mauvaise herbe
- Auteur : Thibaut Rassat
- Nombre de pages : 40
- Éditeur : La Pastèque
- Parution : février 2020
Crédit photo : Annick Lavogiez