Simon Boulerice, porte-parole du Festival de littérature jeunesse de Montréal en 2019, se retrouve sur tellement de tribunes qu’on oublie souvent qu’il vient du théâtre. Cet automne, il nous le rappelle en publiant Ta maison brûle, une comédie un peu triste aux éditions de Ta Mère. Si vous avez manqué les représentations gaspésiennes de cet été, vous pouvez maintenant lire le texte.
Ta maison brûle est l’histoire d’une famille ordinaire qui soupe une dernière fois dans la demeure familiale qui est condamnée à brûler le lendemain à cause d’une infestation de champignons. Les deux filles, leur mère et leur tante partagent, lors de cet événement, leurs souvenirs liés à la demeure, mais aussi leurs pensées et angoisses quotidiennes. Le tout dérape et nous plonge dans les troubles existentiels qui refont surface inévitablement lorsqu’on essaie de les cacher indéfiniment.
Ta maison brûle est une comédie, certes, mais emprunte beaucoup à la tragédie. Les douleurs secrètes avec lesquelles doivent vivre les femmes de la pièce sont ordinaires, mais pas moins réelles. La solitude, le sentiment d’abandon, l’échec professionnel ou la culpabilité sont souvent des troubles communs sur lesquels on ne s’attarde pas beaucoup, mais ils rongent le bonheur au quotidien. Les quatre femmes souffrent et refusent de l’admettre. Il leur faudra une plus grande tragédie afin de pouvoir s’exprimer sur les plus petites.
À travers la pièce, Boulerice joue beaucoup avec le registre de langue populaire. Il rend hommage aux expressions familières, aux anglicismes qui ont bercé notre jeunesse et au vocabulaire plus québécois que le fleurdelisé. On entend presque la fin d’un écho des pièces de Claude Meunier. C’est à la fois nostalgique et rafraîchissant.
Avec cette pièce qui souligne le tragique de l’ordinaire, Simon Boulerice signe ici un livre digne des grandes oeuvres de Tremblay. C’est un incontournable si on aime les classiques et la littérature contemporaine.
- Auteur : Simon Boulerice
- Éditions : Ta Mère
- Date de publication : automne 2019
- Nombre de pages : 170 pages
Crédit photo : Patrice Sirois