Mon voyage en Amérique

Publié le 30 octobre 2018

Au train, près de notre wagon, il y avait un petit groupe de proches. Au sifflet de la locomotive, je me suis précipitée dans le wagon pour envoyer la main et des baisers par la fenêtre. Mais voici l’oncle qui se met à manipuler des valises juste devant la fenêtre! Et le train qui est déjà en marche! Aaah…

J’ai su, beaucoup plus tard, que mon oncle avait fait exprès. Pour que je ne voie pas que ma grand-mère s’était évanouie.

Kim Yaroshevkaya est arrivée à Montréal par bateau. Elle est arrivée d’URSS, en passant par Londres. Elle est arrivée rejoindre sa tante, parce que les États-Unis, où habitaient ses grands-parents maternels, avaient refusé son immigration. Quota dépassé. Elle est arrivée avec une petite pochette en soie, qui appartenait à sa grand-mère paternelle, avec qui elle habitait à Moscou, et qui était le plus bel objet qui soit, à ses yeux. Elle est arrivée à Montréal, un vendredi soir, et ne l’a jamais quitté.

Lire Mon voyage en Amérique, c’est revivre Fanfreluche (je sais, je suis beaucoup trop jeune pour l’avoir regardé à la télé, mais mes parents en avaient conservé plusieurs cassettes au sous-sol que j’ai avidement visionné lorsque j’étais petite). C’est lire cette conteuse indétrônable nous raconter son histoire. C’est se plonger dans son récit, découvrir son passé, vivre sa passion pour les mots, le théâtre et la scène. C’est la découvrir et la redécouvrir, encore et encore.

Mais c’est aussi tenir entre ses mains, un petit bout d’histoire. On y trouve des photos de sa famille, de son voyage, du bateau, de son pays. Mais aussi de ses rôles au théâtre, à la télévision. Des dessins, des affiches, des partitions, des publicités de l’époque. C’est se replonger dans le Québec des années 1940, 1950, 1960. Et dans ce monde où la guerre froide est en filigrane.

C’est une œuvre, précieuse.

Et que je relirai, encore et encore, assurément.