La littérature fantastique, lorsqu’elle est bien construite, peut servir à fonder une critique sociale radicale. Comme si certaines observations politiques, lorsque trop ancrées dans la réalité, étaient trop extrêmes pour les âmes les plus sensibles ou les esprits les plus fermés. C’est exactement ce que réussit à faire avec brio l’auteure D. Mathieu Cassendo, dans sa bande-dessinée La petite suceuse. Ayant d’abord pris forme seulement de façon numérique à travers le blogue Le fil rouge, le premier tome est (enfin) paru au mois de novembre 2016, à la maison d’édition BerBer.
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Nous sommes à Laval, à l’an 2302. L’héroïne, Magdalena est une hémagis (genre de vampiresse du futur) qui en a marre de se soumettre à la loi pour la simple la protection des êtres humains. Ces tensions raciales entre hémagis et humains ne sont jamais aussi intéressantes que dans les discussions qu’elles suscitent entre Magdalena et Antonin, un de ses semblables qui, ne partageant pas sa révolte, se soumet aux codes de conduite des autorités humaines. On suit donc ses états d’âme, entend son raisonnement révolutionnaire et assiste finalement à son ras-le-bol prêt à exploser.
Véritable critique politique et sociale, La petite suceuse met de l’avant des personnages qui font rarement office de têtes d’affiches dans la littérature québécoise. Les personnages racisés sont non seulement les principaux, mais y sont aussi les plus nombreux. D. Mathieu Cassendo arrive grâce à eux à traiter de racisme, de division des genres, de sexisme, d’exclusion, de violence et d’insoumission, tout en ancrant solidement l’histoire dans la réalité québécoise et le paysage lavallois.
Difficile de briser autant de clichés et de stéréotypes en seulement 67 pages.
On a déjà hâte aux autres tomes de la série.
- Auteure : D. Mathieu Cassendo
- Nombre de pages : 67
- Date de parution : novembre 2016
- Éditeur : BerBer
- Provenance du livre : Librairie coopérative Édouard-Montpetit
Crédit photo : Caroline Dawson