Je n’ai rien ressenti à l’annonce de la mort de mon frère ; ni tristesse, ni désespoir, ni joie, ni plaisir. J’ai reçu la nouvelle comme on recevrait des informations sur le temps qu’il fait dehors, ou comme on écouterait une personne quelconque nous dérouler le récit de son après-midi au supermarché. C’est ainsi que commence le dernier roman d’Édouard Louis, intitulé L’effondrement. Le ton est posé : c’est le deuil (à moins que ce ne soit l’absence de celui-ci?) qui va diriger le récit. Et c’est la dernière fois que l’auteur abordera son thème des dernières années : « Ce livre est la clôture d’une fresque familiale, commencée avec Eddy Bellegueule il y a 10 ans. Après cela, je n’écrirai plus le mot famille ».
L’effondrement traverse ainsi le décès d’un frère imparfait à travers moultes souvenirs et questionnements. Car la vie du frère de l’auteur est traversée de bord en bord de racisme, de violence, d’homophobie, d’alcoolisme. Et comment accepter une telle vie, quand on en est si éloigné? Sans enjoliver ni justifier, Édouard Louis tente de comprendre une famille marquée par la pauvreté et un ensemble tragique de déterminismes sociaux.
Voilà ce qu’est la famille : d’abord elle vous chasse et ensuite elle vous reproche de fuir.
– p. 76
J’ai beaucoup aimé ce récit intelligent, franc et juste, traversé d’émotions et de sensibilité. L’écriture d’Édouard Louis est sans faille, et son roman se lit d’une traite.
- Auteur : Édouard Louis
- Maison d’édition : Seuil (La boîte de diffusion)
- Date de parution : 2 décembre 2024
- Nombre de pages : 240
Crédit photo : Annick Lavogiez
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