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Qimmik 

Michel Jean est un journaliste, chef d’antenne et écrivain innu de la communauté de Mashteuiatsh. Son roman Kukum (Libre expression, 2019) lui a apporté énormément de succès. Cet automne, il publie Qimmik, qui, à mon avis, est aussi bon et important que Kukum, sinon plus. 

Qimmik (chien en inuktitut) raconte deux histoires qui n’en font qu’une. D’abord, nous sommes dans le Grand Nord québécois avec Saullu et Ullajuk. Ils voguent, chassent et vivent paisiblement. En parallèle, nous sommes avec Ève, une avocate montréalaise dépêchée à Sept-Îles pour défendre Uqittuq Ainalik, accusé du meurtre de deux policiers. À travers ces deux histoires, les personnages sont accompagnés de leur fidèle qimmik, dont l’importance est au cœur de tout le roman. 

Le récit de Jean est centré sur la justice. Non seulement parce qu’Ève doit défendre un meurtrier, mais aussi parce qu’elle découvre toutes les injustices que les Inuit ont vécues au fil des années, particulièrement le massacre des chiens des années 50 et 60. Elle se retrouve rapidement à défendre un peuple et une histoire plutôt qu’une seule personne. L’angle utilisé par l’auteur est absolument réussi. On peut aisément comparer ce roman à Kukum, où Jean dénonçait aussi des injustices commises par le gouvernement auprès des populations autochtones.   

Aussi, surtout pour la partie dans le Nord, la plume de Jean est douce et poétique comme on la lui connait. Il peint le Nunavik avec tendresse sensorielle exquise. Il prend soin d’inclure la lumière, les odeurs et tous les éléments naturels. Il transforme la froideur de l’inconnu en espace chaleureux où il fait bon errer à bon d’un traîneau à chiens. Si vous avez apprécié ce travail descriptif dans Kukum, vous apprécierez son excellent travail dans Qimmik. 

Ça fait maintenant quelques années que Michel Jean mêle enseignement et dénonciations politiques à ses romans et encore une fois, il parvient magistralement à trouver un équilibre. Son roman est doux, mais enrage en même temps. Il n’est pas moralisateur, mais refuse d’effacer l’histoire. Michel Jean nous rappelle que nous ne connaissons qu’une seule goutte d’événements dans l’océan des injustices envers les peuples autochtones. Ses romans ouvrent nos yeux et nous sensibilisent.  

Qimmik se hissera certainement parmi les grands livres de Michel Jean et probablement même de la littérature québécoise.  

  • Auteur : Michel Jean 
  • Éditions : Libre Expression 
  • Parution : 18 octobre 2023 
  • Pages : 215 pages 

Crédit photo : Patrice Sirois

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