Samuel Lapierre est avant tout joueur de jeux vidéo. Son premier recueil de poésie, Le seigneur des cendres, sort ce printemps et traite de son sujet favori : les jeux vidéo.
Le premier livre de Lapierre est un travail extrêmement intéressant. La poésie de l’auteur est décomplexée, sans prétention et passionnée. Lapierre ne tente même pas de flirter avec l’hermétisme et l’allégorie. Ce n’est pas son but. Il veut parler de ce qu’il aime, c’est tout.
on m’envahit
– p. 15
un ennemi chez moi
je serre ma manette
un brin plus fort
la sueur froide
me glisse le long du dos
me reste juste deux fioles de vie
pis pu de roches
le stress embarque ben raide
Le recueil suit la chronologie du jeu. Création du personnage, scalling, affrontements, boss, etc. Le poète vit les obstacles dans le jeu, mais aussi dans le monde réel. Il n’est pas totalement déconnecté. Ce n’est donc pas un recueil sur un jeu vidéo, mais sur jouer aux jeux vidéo. La différence est importante. On vit l’expérience du joueur à travers sa poésie.
j’ai passé la journée
– p. 36
au sous-sol
le soleil dehors brûlait les peaux
mais pas la mienne
je préfère de loin
la moisissure et le béton
fraîche amertume de solitaire
que d’avoir chaud
devant les autres
Il est immensément rafraîchissant de lire de la poésie sur un sujet du quotidien. Nul besoin de s’enfoncer dans la douleur et le pathos pour écrire. Samuel Lapierre prouve que l’art peut être à propos de tous les sujets. Avec ses vers, il partage sa passion. A-t-on vraiment besoin de plus?
- Auteur : Samuel Lapierre
- Éditions : Hurlantes éditrices
- Parution : 11 mars 2024
- Pages : 80 pages
Crédit photo : Patrice Sirois