Yahndawa’ 

Marie-Josée Bastien, actrice et metteure en scène Wendat maintes fois primée, est une figure incontournable du milieu théâtral. Ce printemps, les éditions Hannenorak ont le plaisir de publier le texte de sa pièce saluée, Yahndawa’ : ce que nous sommes. 

L’œuvre nous plonge dans une exploration temporelle audacieuse de la lignée Bastien, retraçant leur histoire depuis leurs ancêtres jusqu’à leurs descendants vivant aujourd’hui. À travers ce récit poignant, on découvre les multiples injustices systémiques qui ont marqué leur parcours au fil des époques. Des soldats Wendat privés de leur pension après avoir servi leur pays aux entrepreneurs gérant les rivières, la pièce met en lumière la dure réalité des Premières Nations face à un Canada peu clément. Elle expose également comment le capitalisme a constamment heurté le mode de vie traditionnel de la lignée Bastien, créant des frictions incessantes. Au-delà des traditions et de la culture, la pièce aborde des thèmes universels tels que le sexisme, la cupidité et la trahison, confirmant avec force la justesse du propos de Bastien. 

Malgré la densité et le sérieux des sujets traités, Marie-Josée Bastien n’hésite pas à insuffler quelques moments de légèreté qui permettent au lectorat de respirer. La tension est palpable et essentielle à la pièce, mais l’écriture experte de l’autrice réussit à la maintenir sans jamais étouffer. De même, la multiplicité des personnages et la temporalité complexe, qui auraient pu être un obstacle, sont transformées par la main de maître de Bastien en un récit fluide et captivant. C’est une véritable prouesse. 

En somme, si vous n’avez pas eu l’occasion de voir la pièce au Théâtre du Trident en décembre dernier, le livre Yahndawa’ est une opportunité à saisir. C’est une œuvre magnifiquement écrite qui offre une perspective éclairante sur l’histoire vécue par les Wendats, invitant à une véritable prise de conscience. 

• Autrice : Marie-Josée Bastien 
• Éditions : Hannenorak 
• Parution : 13 mais 2025  
• Pages : 232 

Crédit photos : Patrice Sirois