Première publication dans la catégorie « roman » de Boucar Diouf, Sous l’arbre à palabres, mon grand-père disait… réunit de courtes chroniques et des capsules humoristiques où se côtoient la réalité québécoise et les proverbes africains passés dans la moulinette de l’auteur.
Comme j’ai souvent entendu Boucar Diouf à la radio, sa voix remontait à ma mémoire en lisant son recueil d’anecdotes savoureuses, ce qui rendait la lecture encore plus exquise, car son sens de la dérision « s’entend » même à la lecture. Parsemé des illustrations de Louis Bélanger qui accompagnent parfois les proverbes parfois les histoires, le livre se déguste par petites bouchées ou tout d’un bloc.
L’écriture de Boucar Diouf est légère, moqueuse et sans méchanceté. On sourit et on réfléchit, car c’est là où réside l’unicité de la plume de Boucar : faire des observations sur les comportements humains, comparer des cultures, glisser des paroles de sagesse ici et là (les proverbes sont en caractère gras pour aider le profane en proverbes africains) et se moquer d’un peu tout le monde équitablement.
Plus on avance dans la lecture de son livre, plus on en apprend sur ses premières expériences en terre québécoise, à Rimouski plus précisément où il habite maintenant depuis environ 25 ans. Région qui lui a fait découvrir notre hiver dans toute sa splendeur et nous les Québécois dans toutes nos contradictions.
Le ton faussement naïf qu’il applique à ses textes lui permet de dire à peu près n’importe quelle vérité à n’importe qui ou de se moquer des travers de tout un chacun. Il faut lire son explication sur la raison derrière le fait que les amateurs de pêche aux petits poissons des chenaux apportent une caisse de douze dans leur cabane gelée.
Boucar Diouf termine même son livre avec un index de proverbes. Une autre couche d’humour et d’originalité pour conclure son livre. Pour le plaisir, en voici quelques-uns pour finir en beauté :
Si l’arbre savait ce que lui réserve la hache, il ne lui aurait pas fourni le manche. (p. 162)
Quand la malchance t’habite, même une banane mûre peut te casser une dent. (p. 61)
Celui qui a déjà été mordu par un serpent se méfie de ses lacets. (p. 31)
- Auteur du livre : Boucar Diouf
- Nombre de pages : 215
- Date de parution : 2007
- Éditeur : Les intouchables
Crédit photo : Sandra Gravel