Auteur du roman Mélasse de fantaisie, récipiendaire du prix littéraire des collégien.ne.s, Francis Ouellette récidive ce printemps avec Sirop de poteau, un hommage à Frigo, l’itinérant, un personnage du Centre-Sud, le quartier de son enfance.
Gardant sa plume acérée, son langage direct et sans détour, l’auteur visite la vie d’un homme que tout le monde connaissait dans le quartier. Alors que le robineux repose à l’hôpital à la veille de Noel 1976, il se remémore sa vie, son quartier, ses déboires, ses amours aussi, compliquées mais belles.
Né d’une mère qui n’assumait pas ce rôle, Frigo va rapidement vagabonder seul le faubourg à m’lasse, tantôt surpervisé et pris en charge par différents adultes, il sera aussi le souffre-douleur de la bande à Coco Sénécal, mais la plupart en prenait soin:
Pour toutes ses blessures, il y a eu tout de même plus de monde pour aider Frigo qu’y en a eu qui l’ont blessé. Les gens pas fins apprenaient à leurs dépens que lui faire du mal, ça revenait à…s’automutiler. À long terme, le mal que tu fais à quelqu’un qui a déjà mal te revient drette dans face. Tu te regardes dans le miroir pis tu te trouves plus laid qu’avant.
– p. 30
Francis Ouellet fait revivre un Montréal des années 60-70 avec toutes ses vérités, belles et laides: le Jardin des Merveilles, la solidarité, l’entraide, mais aussi la violence et la pauvreté. Plusieurs extraits m’ont émue : l’histoire de la mère de Frigo assistant, illégalement, au match historique de Jackie Robinson, les histoires du Lion d’Or, l’hommage à René Richard Cyr et son père.
J’ai encore plus aimé ce roman que Mélasse de fantaisie, Francis Ouellette est à son meilleur: entre nostalgie et une vérité-choc, il nous montre la vraie beauté du Centre-Sud même dans recoins les plus laites. Un récit qui émeut, qui fait sourire, rire, qui choque, mais au bout du compte qui fait du bien. À la fin, on se dit qu’on aurait bien aimé côtoyer ce Frigo, personnage mythique.
- Auteur: Francis Ouellette
- Maison d’édition: vlb éditeur
- Parution: 26 mars 2025
- Nombre de pages: 240
Crédit photo: Valérie Ouellet
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