Nous n’en sommes pas à la première biographie du chanteur James Brown. Plusieurs textes, articles, documentaires télé ont été produits autour de sa carrière et de sa vie plutôt mouvementée. L’auteur James McBride porte plusieurs chapeaux. À la fois romancier, scénariste, journaliste et musicien de jazz, il privilégie ici l’angle social plutôt que l’analyse strictement musicale. McBride tend à démontrer la difficulté à comprendre le parrain de la musique soul parce que celui-ci est né dans un pays de dissimulation, c’est-à-dire le Sud des États-Unis. Difficile de tenter d’expliquer le phénomène James Brown sans aborder le passé violent qui gangrène les états du Sud. La ségrégation, le racisme et l’esclavage ont laissé des peurs dans la population afro-américaine ainsi que de profondes blessures dans l’ensemble de la société.
James McBride mène donc une enquête autour de l’artiste bien sûr, mais surtout autour de l’homme qu’était James Brown. Il nous présente le fruit de ses recherches de façon magnifique. À chacun des chapitres on découvre un individu, un événement ou un concept qui auront marqué la vie de James Brown ou qui peuvent aider à cerner un peu qui il était.
On comprend quelle importance Brown a pu avoir pour la population afro-américaine. Sa place dans la société américaine est indissociable de la lutte des africains-américains pour la reconnaissance des droits civils. Il était un modèle de réussite, un combattant, un gagnant. Toujours impeccable, il disait à ses proches : « Il faut toujours arriver comme quelqu’un d’important et partir comme quelqu’un d’important. » Ce paraître s’appliquait autant à son habillement, sa coiffure qu’à sa façon d’entrer et de sortir de scène. Ainsi, il voulait que l’orchestre chauffe la salle au maximum avant d’entrer en scène et il ne la quittait qu’au moment où les spectateurs atteignaient une sorte d’hystérie. Il répétait : « On leur met le feu et on se tire. »
Parmi les thèmes privilégiés de Brown rapportés par McBride, on retrouve l’éducation. Chaque fois qu’il en avait l’occasion, l’artiste disait aux jeunes : « Ne quittez pas l’école. Complétez vos études. » Au moment de son décès, Brown avait une fortune considérable qu’il souhaitait laisser à la société afin de construire des écoles dans les quartiers défavorisés du Sud. Un imbroglio familial et des décisions juridiques font en sorte qu’à ce jour, pas un sous n’a encore été versé pour les enfants; une armée d’avocats saigne l’héritage comme des charognards. Quoi de neuf?
- Titre original : Kill’em and leave; traduit de l’américain par François Happe
- Auteur : James McBride
- Nombre de pages : 310
- Date de parution : 2017
- Éditeur : Gallmeister
Crédit photo : Richard Martel