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Librairie Le Fureteur : un joyau au cœur de la vie culturelle de Saint-Lambert

Le Fureteur

Depuis 55 ans, la Librairie Le Fureteur est au cœur de la vie culturelle de Saint-Lambert et de la Rive-Sud de Montréal. Au fil du temps, elle a déménagé plusieurs fois toujours sur le territoire lambertois et occupe aujourd’hui un beau bâtiment à deux pas de la rue principale, la rue Victoria. Cliente assidue, enchantée par l’ambiance accueillante, le bon service et la sélection de titres de qualité, je suis allée à la rencontre de la propriétaire, Mme Valérie Bossé, pour parler du rôle et des défis de ce havre de culture qui est (heureusement) loin d’être en voie de disparition.

D’abord, quelques mots sur la librairie…

Nous avons toujours eu pignon sur rue à Saint-Lambert. Avant que je l’acquiers, M. Yves Guillet avait été là trente ans avec ma mère aussi, Mme Denise Daignault Bossé, qui a été copropriétaire pendant quatre ans. J’ai commencé à y travailler après le secondaire, alors que je débutais le CÉGEP, en explorant tous les postes au fil du temps, de la réception à l’administration. Et j’ai commencé cette aventure en tant que propriétaire depuis seulement 2016. Au cours des années, et notamment grâce au travail admirable de M. Guillet, la librairie a développé sa renommée et ses services à la collectivité, en collaborant aussi avec les bibliothèques et les écoles de toute la Montérégie.

Et les gens en arrière de la librairie?

C’est une belle équipe. Nous sommes 19 en tout avec un très bas taux de roulement — des gens très qualifiés, passionnés, qui aiment leur travail. Ce sont de vrais libraires. Évidemment, nous sommes un commerce de détail, nous vendons des produits, mais ces produits sont des livres — c’est stimulant, exigeant aussi, car les libraires doivent se tenir au courant constamment, lire les œuvres s’ils veulent en parler comme il faut et conseiller avec soin.

Est-ce que vous sentez que vous avez un rôle à jouer dans la communauté?

Des livres, on va en retrouver dans les pharmacies et dans les grandes surfaces, qui vont principalement présenter les succès et les nouveautés de l’heure. Mais la librairie doit continuer à faire un travail de fond et avoir une variété d’auteurs et de titres, autant nouveaux que classiques, québécois comme européens ou du monde entier. Au-delà du goût du moment et des best-sellers.

Comment choisissez-vous vos titres?

Surtout en me basant sur les choix de mes clients. Nous avons beaucoup de lecteurs de livres d’histoire, de philosophie, de voyage, de bandes dessinées, de romans évidemment, et nous commandons aussi des essais ou des livres pointus qui pourraient intéresser les bibliothèques. Nos clients sont très à l’affut, ils nous demandent parfois de réserver des titres qui ne sont pas encore en vente, mais dont ils ont entendu parler dans des émissions ou des revues. C’est une clientèle particulièrement engagée que nous avons, dont les demandes et les exigences sont particulièrement stimulantes.

Est-ce que vous avez remarqué un changement dans les habitudes d’achat avec le temps, notamment avec l’avent du virage numérique?

Je ne pense pas que le numérique ait eu l’effet dévastateur qu’on craignait. Les libraires indépendants, dont nous faisons partie, se sont regroupés pour faire face à ce défi d’informatisation en mettant en place un site transactionnel qui permet de commander des titres en passant par la librairie de son choix (https://www.leslibraires.ca). Cela a permis d’exploiter ce virage collectivement avec une vitrine numérique intéressante, car les librairies n’ont pas nécessairement les moyens pour bâtir leur propre site transactionnel. Et je crois que notre clientèle de fidèles continue à vouloir passer du temps à choisir ses titres dans notre librairie. De plus, je ne crois pas que l’essor des tablettes ait eu un impact marquant, du moins pas à notre niveau — même pour les jeunes, qui grandissent dans le numérique. Beaucoup de gens aiment encore tenir un livre en main, le feuilleter, le garder chez eux — même si d’autres préfèrent le support électronique. Sur tablette, tous ces gestes se complexifient, se perdent. Tenir un livre papier entre les mains fait partie, à mon sens, du plaisir de lire.

Quels sont les défis d’avenir des libraires, selon vous?

Le défi numéro un est celui de la relève. Il faut réaliser que c’est un métier où la rémunération n’est pas très élevée et qui demande une véritable passion pour la culture générale. Il faut lire, se renseigner constamment, rester ouvert à la nouveauté et curieux aux autres cultures. Ça demande un véritable engagement. C’est difficile de séduire la relève, surtout, comme je le disais, en raison des salaires pas souvent très élevés. Mais le défi en est aussi un de société, avec le taux d’analphabétisme que nous avons au Québec et la diffusion de technologies chronophages comme les cellulaires et les tablettes. Or, l’importance de la lecture doit être mise de l’avant partout et le plus souvent possible. C’est la base de notre culture, il faut valoriser le temps et la concentration que cela implique. Il y a un travail de fond qui doit être un véritable projet de société pour améliorer notre éducation.

 

La librairie Le Fureteur est située au 25, rue Webster, à Saint-Lambert

 

 

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  • Michelle Sauvé
    2 avril 2018 à 8:44 pm

    Ma librairie préférée pour le service et les livres de choix.

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