J’ai lu mon premier roman de Tahar Ben Jalloun il n’y a pas très longtemps, il s’agit de l’Enfant de sable. Ce roman m’avait tellement marqué que j’en avais fait un article pour ce blogue. Tahar Ben Jelloun s’était inspiré d’une histoire vraie, un homme n’ayant eu que des filles et qui souhaitait un garçon plus que tout. Il avait décidé que son prochain enfant serait garçon peu importe et de l’élever comme tel. Alors quand j’ai vu ce récit épistolaire qui s’adressait à l’auteur, j’ai voulu le lire. Quelle lettre magnifique Janine Messadié écrit ici à l’auteur!
Celle-ci a décidé de lui écrire suite à la lecture du roman Cette aveuglante absence de lumière, elle écrit bien évidemment les émotions que le livre lui a inspirées, mais elle porte sa réflexion aussi sur la dérive du monde. Comment a-t-on pu se rendre aussi loin dans la méchanceté ?
Tant d’humains inconsolés et au bord du précipice, cherchant une caresse, un mot tendre, un baiser sur leur front, ridé par des années de guerres intérieures et de deuils impossibles. Tant d’humains empiégés, dispersés, bleuis de l’intérieur par la perte, le chagrin et l’exil. Il y a des vérités sur lesquelles on ne peut fermer les yeux ou feindre l’ignorance. Il est trop facile de mal aimer.
– p.13
Janine Messadié lui livre aussi ses réflexions sur le processus d’écriture, elle souhaite connaître comment l’auteur a pu, à ce point, écrire de façon si juste sur le personnage qui est dans un puits sans lumière pendant 16 années:
Combien de jours et de nuits a-t-il fallu pour achever ce livre ?
– p. 19
De quelle manière avez-vous réussi à pénétrer dans ce trou pour en connaître tous les contours ? Les définir ? Et pour y voir, au-delà de l’inhumanité, un horizon de lumière, une éternité promise ?
Quels sentiments vous habitaient au moment de l’écriture?
Et après? Après?
Il y a toujours un après lorsqu’on termine un livre.
J’ai beaucoup aimé la poésie des mots, des réflexions de l’autrice. J’ai trouvé aussi très touchant comment elle raconte à quel point le roman de Tahar Ben Jelloun l’a ému, comment par l’écriture d’une histoire, l’auteur l’a amené à voir de la beauté dans l’horreur. Maintenant, si vous m’excusez, je m’en vais de ce pas me procurer ce roman !
- Autrice: Janine Messadié
- Maison d’éditions: L’interligne
- Parution: 2022
- Nombre de pages: 54
Crédit photo: Valérie Ouellet