En 1952, Djalli, Ingimar, Staffan, Friorikur, Olaf et Kari fréquentent l’école Saint-François de Torshavn, dans les Iles Féroé. Entre jeux innocents et inégalités sociales, ils partagent leurs albums d’images, sans se douter de la violence de leur destin. En effet, on apprend dès les premières pages que Djalli va mourrir d’une méningite à 11 ans. De leur côté, Ingimar se noiera au large du Groenland, à 23 ans, et Staffan décèdera des suites d’une déchéance certaine, à Copenhague. Olaf, lui, succombera de la maladie taboue qu’est encore le Sida. Friorikur survivra à la trentaine jusqu’à une absurde bagarre fatale. C’est Kari qui se fait porteur de leur histoire collective et individuelle.
Djalli cessa de collectionner des images en troisième année. Tout le monde arrêta en même temps. Et, d’un jour à l’autre, les albums d’images furent fermés pour ne plus jamais être rouverts. Djalli avait à la fois la plus belle et la plus inhabituelle des collections d’images de la classe. Par beau temps, les collectionneurs d’images avaient l’habitude de se retrouver près du poulailler des nonnes. Environ sept à huit enfants.
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Sur plus de 400 pages, la fresque sociale de Jóanes Nielsen intitulée Les collectionneurs d’images (La peuplade, 2021) nous fait découvrir une histoire collective méconnue et unique. À travers des personnages authentiques, Nielsen reconstruit l’évolution d’un bout de pays, entre influences religieuses, modernité, désirs d’ailleurs et franches intolérances. De multiples enjeux sociaux sont abordés via les parcours des personnages. Particularités de la vie sur des îles, homophobie, préjugés, violence, masculinité toxique et oppressions linguistiques : rien n’échappe à la plume réaliste de Nielsen, qui nous offre ici un roman marquant.
- Auteur : Jóanes Nielsen
- Maison d’édition : La Peuplade
- Date de parution : avril 2021
- Nombre de pages : 480
Crédit photo : Annick Lavogiez