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L’aigle en péril? La politique étrangère américaine à la croisée des chemins 

Aux sessions universitaires d’automne 2015 et d’hiver 2016, j’ai eu le privilège de suivre deux cours avec Charles-Philippe David. Voilà une affirmation qui fera envier plusieurs Uqàmiens[1]! Son nouvel ouvrage titré « L’aigle en péril? » est un incontournable pour boucler la boucle avec la présidence de Joe Biden, notamment sur les différents enjeux de politique étrangère qui ont été importants au cours de ses années à la Maison-Blanche, mais également ceux à surveiller lors de la seconde présidence de Donald Trump dès janvier 2025.  

Pour résumer, Biden est qualifié de président pro-européen, prudent, mais également « droit et tenace, compétent, et un redoutable législateur »[2]. Au cours de sa présidence, il a souhaité revitaliser le rôle des États-Unis dans le monde en défendant la démocratie (son principal cheval de bataille), en stimulant l’économie américaine et en assurant la sécurité du territoire américain[3]. Tel que le décrit bien Robert Kagan, le rôle des États-Unis sous la présidence de Biden est « moins arrogant, moins messianique et moins impérialiste »[4]. La vision de ce quarante-sixième président américain ne s’apparente donc pas au courant isolationniste ou internationaliste[5]. Plus précisément sur sa politique étrangère, Biden est qualifié d’« indispensable » : 

« Le bilan de sa politique étrangère laisse croire que le réalisme et le pragmatisme sont largement dominants dans les décisions de Biden. […] Biden est indispensable, car c’est lui qui décide en politique étrangère après avoir entendu les avis de ses conseillers. Il ne délègue pas la prise de décision, il n’aime pas être contredit et ne s’est entouré de personne pour combler le rôle d’avocat du diable (sauf peut-être la première dame). Son style décisionnel est délibératif : il prend son temps, veut connaître tous les détails des enjeux et pose beaucoup de questions pour lesquelles il s’impatiente si ses conseillers n’ont pas de réponses. »[6] 

D’ailleurs, j’ai particulièrement apprécié la lecture du second chapitre, surtout la section sur la Chine. D’emblée, un bref rappel d’une statistique importante : les effectifs militaires de la Chine ont cru de 138% depuis 2008 pour atteindre récemment 350 navires, alors que la puissance américaine perd des plumes dans la région du Pacifique (son nombre de navires a diminué de moitié depuis les années quatre-vingts, portant ce nombre à moins de 300)[7]. Trump ayant été réélu à la présidence des États-Unis en novembre dernier, sa future administration est composée de faucons anti-Pékin, dont Marco Rubio (secrétaire d’État). En effet, selon Fang-yu Chen, professeur de sciences politiques à l’Université Soochow (Taipei, Taïwan), Rubio est un ami de longue date de Taïwan. Il est donc légitime de s’attendre à la mise en branle de politiques favorables à Taïwan. Cela provoquera-t-il un tremblement de terre géopolitique, alors que la Chine a promis de la réunification de Taïwan à la Chine d’ici 2049[8]? De plus, quoique Trump n’ait jamais caché son admiration pour Xi Jinping, président de la Chine, il a toutefois annoncé vouloir imposer des droits de douane de près de 60% sur les produits importés de la Chine. Cette attitude de Trump contribuera-t-elle toutefois à faire reculer les relations internationales davantage, lequel recul ayant été préalablement accéléré par ledit populiste[9]? 

Bref, l’administration Trump 2.0 est composée majoritairement d’hommes blancs qui prônent les valeurs traditionnelles (mais qui pourtant accumulent les mariages et les infidélités) et dont certains ont été accusés d’inconduite sexuelle et/ou souffrent d’incompétence. Alors que le président Trump lui-même multiplient les déclarations scandaleuses et mensongères depuis des années, n’oublions pas le (dangereux et extrême) « Projet 2025 » qui sera au cœur de sa présidence, lequel prévoit notamment la suppression de l’égalité du mariage, l’interdiction de l’accès à l’avortement, la limitation des soins de santé reproductive, l’introduction d’obstacles à la justice raciale et l’abolition du ministère de l’Éducation. Une chose est certaine : l’année 2025 s’annonce sombre. 

[1] L’utilisation du genre masculin a été adoptée afin de faciliter la lecture et n’a aucune intention discriminatoire. 
[2] p. 46 et 83.  
[3] p. 43-44. 
[4] p. 43. 
[5] p. 43. 
[6] p. 43 et 84. 
[7] p. 60-61. 
[8] p. 61-62. 
[9] p. 8. 

  • Auteur : Charles-Philippe David 
  • Nombre de pages : 132 
  • Date de parution : 3ème trimestre 2024 
  • Éditeur : Éditions Somme toute / Le Devoir 
  • Nombre de mots : 632 

Crédit photo: Kathryn Blanchette 

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