Guillaume Sylvestre est un scénariste et réalisateur surtout connu pour ses documentaires. Cet automne, il publie chez XYZ son premier roman : La chute de Babylone.
Dans le Babylon Cove, à Fort Lauderdale, il y a quinze résidents. La plupart sont des Québécois. Bien qu’ils passent leurs hivers en Floride, ils sont très attachés à leur patrie et vivent dans une espèce de bulle unique dans laquelle leur richesse et leurs excès ne sont que monnaie courante. C’est la décadence de la bourgeoisie alors que personne ne semble s’en rendre compte.
Le premier roman de Sylvestre est, vous l’aurez compris, une grinçante critique du capitalisme. Comment peut-on vivre en marge à ce point? Les positions politiques des personnages, leur attitude et leurs conversations soulignent constamment à quel point ils sont déconnectés de la réalité. Chaque action posée s’avère ridicule. L’auteur n’y va pas de main morte dans la critique. Il pousse si loin la caricature que c’est presque grotesque. Néanmoins, il est évident que Sylvestre n’a pas voulu jouer la carte de la subtilité, alors en ce sens, c’est très réussi.
Le style de l’auteur sert aussi son propos. Il se lance dans de grandes descriptions qui, encore une fois, peignent bien le style de vie de ses personnages. Que ce soit à travers leur habillement ou leur environnement, Sylvestre dessine une communauté de snowbirds absolument ridicule. Il ne lésine pas sur le vocabulaire connoté non plus : l’apparent parti pris du narrateur nous rappelle constamment qu’il s’agit d’une caricature. Mais encore une fois, c’est clairement le but de l’auteur et c’est donc atteint.
La chute de Babylone est une espèce de Le Temps des bouffons des bourgeois snowbirds francophones vivant dans leur monde parallèle floridien. C’est une comédie excentrique qui donne envie de pleurer.
- Auteur : Guillaume Sylvestre
- Éditions : XYZ (collection Quai no 5)
- Parution : 19 octobre 2022
- Pages : 288 pages
Crédit photo: Patrice Sirois