Maria José Ferrada écrit ici une courte histoire qui se déroule pendant les années Pinochet au Chili. Il s’agit de l’histoire de M, qui raconte que lorsqu’elle était petite, son père, D, l’amenait sur la route avec lui pour vendre les outils Kramp, surtout depuis qu’il s’était aperçu que ses ventes augmentaient lorsque sa fille était avec lui. C’est ainsi que M a pu apprendre à mieux connaître son père et ses réflexions de vie qui avaient toujours un lien avec son travail.
Les quincailleries
Toute construction était une somme de parties, de parties unies par des raccords.
D me l’avait expliqué de la manière suivante : un bâtiment, même le plus grand du monde, reposait sur une structure assemblée avec des vis. Ce qui revenait à dire que :
- Le grand et le petit se complètent.
– p. 27
- Une seule vis pour précipiter la fin du monde si elle est mal fixée. Ce bâtiment, qui chute maintenant à pic, en renversera un autre et ce dernier, par un terrible effet domino, le bâtiment contigu. Et ce jusqu’à en finir avec la ville, les pays et la civilisation.
M finira même par demander une part des profits de D et d’un collègue qui vendait des parfums et qui l’emprunte une fois de temps en temps. La petite fille aime bien ce milieu des vendeurs qui parcourent les villages et les villes jusqu’à ce qu’elle croise un ami de son père qui décide de faire des photographies d’une ville fantôme où tous ont disparu. On comprend, entre les lignes, qu’ils ont été assassinés par le pouvoir en place.
C’est un livre qui se lit facilement et qui étonne, il est doux et dur à la fois lorsqu’on comprend à quel point les gens sont pauvres et qu’ils sont sous le joug de Pinochet. J’ai aimé le fait que ce soit la jeune fille qui raconte son histoire comme elle l’a vécue, ça apporte une fraicheur au récit.
- Autrice: Maria José Ferrada
- Traductrice: Marianne Million
- Maison d’édition: Quidam éditeur
- Collection: Les lance-flammes
- Parution: 29 mai 2023
- Nombre de pages: 140
Crédit photo: Valérie Ouellet
