Le plus récent roman de Grégoire Delacourt, Danser au bord de l’abîme, met en scène une femme, Emma, sa famille, ses amis proches et ceux qui le deviendront au fil du récit. Cette femme verra sa vie bien rangée être perturbée par une rencontre qui en bouleversera dramatiquement le cours et qui lui fera vivre des émotions jusqu’alors inconnues pour elle. Par la force des choses, elle découvrira la vie sous un autre angle. Elle vivra des moments d’extase qui la feront valser et d’autres qui l’entraîneront « au bord de l’abîme ». Avec une profonde conviction que c’est la meilleure chose à faire, elle choisira de vivre le moment présent, car c’est le seul qui compte vraiment.
Sans être ésotérique du tout, ce récit revient souvent sur la notion de vivre pleinement et consciemment chaque moment, qu’il soit douleur ou joie intense, sans chercher à l’enfouir au fond de soi, dans un silence à la longue étouffant.
Comme dans La liste de mes envies, la brillante plume de Grégoire Delacourt emprunte la voix d’une femme pour raconter son histoire, mais cette fois-ci en plongeant (au Je) dans l’intimité physique et émotionnelle de son personnage d’une quarantaine d’années engourdie dans sa vie parfaite.
Jusqu’ici, mes aubes avaient été les petits cailloux d’une vie bien ordonnée, d’une promesse ancienne, celle de suivre des chemins tracés par d’autres qui croyaient aux trajectoires parfaites ou, à défaut, aux mensonges vertueux (page 16).
Tous les personnages du livre sont riches, vivants. Visibles, même, car Delacourt leur invente une vie et un caractère de façon si sublime qu’il devient facile pour le lecteur de les visualiser en lisant le roman. Jeune ou vieux, il leur compose une existence qui s’imbrique à celle des autres personnages. Parfois drôle, parfois triste, l’histoire qu’il nous raconte est émouvante, bouleversante et fignolée avec une grande finesse. Avec une étonnante justesse aussi puisque, ne l’oublions pas, c’est un homme ici qui écrit les mots d’une femme.
L’auteur s’amuse aussi à faire le lien entre la puissance du désir de son héroïne et son attirance pour la liberté aux rêves d’herbes fraîches de La chèvre de monsieur Séguin qui sert, en quelque sorte, de trame de fond à une partie du roman.
Pour son sixième roman, Delacourt démontre encore une fois sa grande sensibilité, son amour des mots et son immense talent. Si vous avez aimé La liste de mes envies, vous adorerez Danser au bord de l’abîme.
Auteur du livre : Grégoire Delacourt
Nombre de pages : 360 pages
Date de parution : 27 juin 2017
Éditeur : JC Lattès
Crédit photo : Sandra Gravel (photo prise à Paris, ville de l’auteur, sur le balcon de l’appartement où je logeais)