Je dois débuter ce texte par une confidence. Je n’ai pas lu beaucoup d’ouvrages de Michel Tremblay et pourtant Tremblay fait partie de ma très courte liste de héros. J’ai toujours eu un grand respect, non seulement pour son travail et son œuvre, mais pour sa prise de parole. À l’aube de mes soixante ans je peux affirmer que Michel Tremblay a brassé ma cage à maintes reprises et de diverses façons. Il a ouvert mes yeux d’adolescent banlieusard sur une réalité qui m’était jusqu’alors inconnue. C’est avec grand bonheur que je vais à la rencontre de son monde. Dans ce livre, le ton est léger, humoristique, allumé et tendre à la fois. On comprend que ce jeune garçon entre dans le monde sans fard, sans cachette. Il aime aller au fond des choses, il a quelque chose à dire.
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Alors que Michel est élève au primaire, sa famille déménage sur la rue Fabre; famille élargie qui comprend sa grand-mère et sa tante. Le livre se divise en une quarantaine de conversations : plusieurs avec sa mère, d’autres avec sa grand-mère Tremblay, son père, sa tante Tititte, son amie Ginette, la maîtresse d’école, la sœur directrice et d’autres personnages de son entourage.
Michel est curieux; pas étonnant qu’il pose beaucoup de questions sur des sujets que les adultes de son époque ne veulent pas aborder. Les conversations autour de la religion sont tellement drôles et savoureuses. Le jeune n’accepte pas facilement qu’il faille croire sans comprendre. Le mystère de la sainte trinité et la grossesse de Marie par le Saint-Esprit sous le nez de Joseph sont autant de sujets qui provoquent des réactions, sinon beaucoup d’embarras lorsque Michel y va de ses questions. Parmi les thèmes abordés, outre la religion, on retrouve : le cinéma, la royauté, l’homosexualité et les lettres. On apprend ainsi que la grand-mère et la mère ont une passion commune pour Victor Hugo. Michel ne s’explique pas que sa mère oscille entre la grande littérature et les radio-romans qu’il semble trouver un peu pauvres. Mais s’il critique les choix de sa mère c’est toujours avec tendresse.
Les dialogues sont construits sur le rythme auquel Tremblay nous a habitués dans ses pièces. La langue est toujours aussi vivante, vraie. On se reconnait comme dans un miroir. J’entends ma grand-mère maternelle qui me parle. Ces conversations ont été pour moi une lecture des plus agréables.
- Auteur : Michel Tremblay
- Nombre de pages : 149
- Date de parution : 2016
- Éditeur : LEMÉAC/ACTES SUD
- Provenance : librairie Renaud Bray
Crédit photo : Richard Martel